Hasegawa F-86 F-30 Sabre 1/48ème Déguisé en F-86 E-10

Historique

Le F-86 fut, à l'origine, conçu par la North American Corp. pour succéder au célèbre et redoutable P-51 Mustang. Le prototype XP-86 était propulsé par un réacteur General Electric et présentait une aile en flèche, inspirée de celle du Me 262 allemand, comportant des volets et des becs de bord d'attaque mobiles. Il effectua son premier vol le 1er octobre 1947. L'appareil franchit le mur du son en léger piqué a peine six mois après l'exploit de Chuck Yeager.

Le F-86 A entra en service courant 1949 et était le seul appareil capable de s'opposer efficacement au MiG 15 quand la guerre de Corée éclata en 1950. Armé de six mitrailleuses Colt-Browning de12,7 mm, il fut un redoutable adversaire pour le petit chasseur Mikoyan, bien que ses performances fussent inférieures à l'appareil soviétique.

Au cours de la guerre, le modèle A fut épaulé puis partiellement remplacé par le modèle E. Ce dernier était équipé de plans horizontaux monoblocs et comportait d'autres modification mineures améliorant son comportement en haut subsonique. Les modèles A et E étaient caractérisés par une aile munie de becs mobiles à l'origine de phénomènes vibratoires lors des manoueuvres sous fort facteur de charge. Pour pallier ce problème, une nouvelle aile dite "6-3", à corde plus longue et sans becs, fut introduite au cours de la production du modèle F et fournie comme kit de "retrofit" pour les modèles antérieurs.

Le F-86 F commença à équipper les unités opérationnelles en 1952. Il était mu par un réacteur J-47-GE-27 (pour le modèle F-30) qui, avec la nouvelle aile, améliorait la vitesse maximale, la vitesse ascensionnelle et le plafond opérationnel.

Le taux de victoire du Sabre de 1:8 (ou 1:10 selon les sources) est largement attribuable à la qualité et à l'entrainement de ses pilotes. La plupart d'entre eux étaient d'anciens pilotes de la Seconde Guerre Mondiale dont l'expérience au combat inestimable ne devait laisser aucune chance aux pilotes Nord Coréens et Chinois relativement inexpérimentés.

Le Sabre équippa également la SAAF (Force aérienne Sud-africaine) pendant le conflit Coréen, ainsi qu'un certain nombre d'autres forces aériennes après la guerre. D'autres variantes furent développées (F-86 D, H, K...) et Canadair, CAC, Fiat et Mitsubishi le construisirent en nombre sous licence. La production totale atteignit le chiffre de 8683.  

Montage

J'ai utilisé la maquette Hasegawa au 1/48 du F-86 F-30 (ref Pt13). Ayant déjà monté le Mig 15 Tamiya, je voulais construire un Sabre pour réunir les anciens adversaires sur mes étagères.

Les pièces de la maquette sont très bien moulées dans l'habituel polystyrène gris de la marque et présentent des détails de surface très finement gravés. Il ne faut pas moins de 14 grappes pour venir à bout de cet engin. Les parties transparentes sont parfaites et la canopée a bien la forme caractéristique de l'original. Ce modèle représentant un modèle F-30, il est muni de l'aile 6-3. Deux décorations sont fournies sur la grande planche de décals, mais les couleurs me paraissent suspectes, légèrement verdâtre, en particulier pour le jaune.

La première décoration est celle de la monture du commandant du 21st Fighter Bomber Wing, codé FU 222. C'est un appareil très coloré avec des bandes et des étoiles rouges, jaunes, blanches et bleues. Il porte également un "nose art" représentant un rat casqué, peint par dessus le logo "US AIR FORCE" sur le flanc gauche du fuselage.

Le second appareil est celui du commandant du 8th Fighter Bomber Wing, codé FU 877. Il porte des bandes bleu foncé, jaune et rouge autour du nez et de la queue en plus des bandes d'identification jaune et noir du théatre d'opération coréen. Voilà pour le contenu de la boîte! J'ai décidé de construire ce modèle en utilisant quelques accessoires: un cockpit Aires en résine (ref 4022) et une planche de décals Aeromaster (48-449) pour représenter l'un des appareils les plus colorés en Corée, the King (FU 822).

D'emblée j'ai été confronté à un dilemme: il m'a fallu choisir une décoration adaptée au modèle représenté par Hasegawa. Après une recherche poussée dans la gamme Aeromaster, je suis tombé en arrêt devant le King. J'ai su immédiatement que c'était cet appareil que je voulais faire.

Problème: c'était un F-86 E-10, ce qui impliquait qu'il était équipé de l'aile initiale à becs. Pour réaliser cet appareil, j'ai donc fait l'impasse sur la modification de l'aile.

Si l'on décide de ne pas se lancer dans la chirurgie plastique pour faire une aile début de série ou superdétailler le modèle, celui-ci est très simple à monter. Ceci étant, son aspect métal naturel nécessite un grand soin dans le montage afin de limiter au maximum l'usage de mastic et les opérations de ponçage. Heureusement, les assemblages étant très bien conçus, je n'ai rencontré quasiment aucun problème d'ajustage des pièces.

Comme je l'ai déjà indiqué, le cockpit est remplacé par celui d'Aires qui est magnifique. Il se compose de 7 pièces en résine délicatement moulées, 16 pièces en métal photodécoupé et un film d'acétate imprimé pour les instruments. Comme à l'acoutumée, les pièces en résine sont parfaitement moulées, sans défaut. Deux planches de bord en photodécoupe sont fournies, l'une pour un F-25, l'autre pour un F-30.  

Les cockpits des Sabres étaient noir sur la plupart des modèles avant 1953 et gris après cette date. J'ai donc peint le mien en noir. Cela contribue également à dissimuler les éventuelles différences entre les modèles E et F.

L'installation de la baignoire dans les demi-fuselages se fait sans problème particulier si l'on prend soin de l'aligner soigneusement. La seule difficulté se situe au niveau de la plage derrière le siège pilote qui doit être soigneusement ajustée pour éviter tout décrochement par rapport aux demi-fuselages. Un léger mastiquage suivi d'un ponçage est nécessaire ici. Le siège a été installé après les opérations de peinture.

La partie la plus délicate du montage consiste à avoir des joints parfaits entre les différentes pièces composant le nez et sa prise d'air. J'ai choisi de coller le canal à la bouche de la prise d'air en premier, puis de coller cet ensemble au demi-fuselage gauche. Après avoir "rempli" le fuselage avec tout ce qui doit s'y trouver, j'ai finalement collé le demi-fuselage droit. Cette méthode a permis d'obtenir un alignement parfait de l'entrée d'air et du fuselage, sans décrochage, quitte à combler le léger espace entre les demi-coquilles à la cyano. Ce mastiquage a été effectué à l'aide de Zap a Gap, une colle cyano étudiée dans ce but. Un produit à découvrir!

Le reste du montage est assez rapide. J'ai comblé les orifices de positionnement des cloisons d'aile (6-3) à l'aide de plastique étiré et de colle liquide. Un bon ponçage suivi d'une séance de polissage ont rendu un aspect bien lisse à cette partie des ailes.

J'ai utilisé ma méthode habituelle pour assembler les ailes: on fixe d'abord les extrados au fuselage, sur champ, puis on installe l'intrados. Pas de masticage, pas de ponçage!

J'ai préparé le train d'atterrissage à part en ajoutant peu de détails (uniquement les flexibles de freins) et l'ai laissé de côté pour l'assemblage final.

Le moment était alors venu de se préparer physiquement et psychologiquement à un des travaux les plus difficiles en maquettisme: le fini métallique!    

Peinture

Ca a été pour le moins laborieux!

Dans un premier temps, j'ai pensé recouvrir intégralement le modèle avec du Bare Metal Foil. Mais étant donné son prix et le temps qu'il aurait fallu pour l'appliquer j'ai revu mes ambitions à la baisse et je me suis tourné vers les peintures métal. J'avais donc le choix entre celles de la gamme Testor Metalizer qui sont très réalistes mais également très fragiles (ce dernier point n'étant malheureusement pas négligeable étant donné que l'appareil est recouvert de larges motifs jaunes et noirs nécessitant un masquage), et celles de la gamme SNJ. Les peintures SNJ sont réputées pour être assez solide et résister au ruban de masquage. Je les ai donc choisies.

Jai eu tort!

Avant peinture, j'ai tout d'abord poli les zones poncées et rayées avec de la pâte à polir Tamiya (Tamiya Compound), pour obtenir des surfaces bien lisses et brillantes.

Ensuite, j'ai peint le modèle intégralement avec de l'aluminium SNJ. Le fini m'a semblé un peu terne, mais bon, c'était la guerre à cette époque en Corée, les appareils n'étaient pas astiqués tous les jours et le revêtement aluminium/Duralumin avait tendance à se recouvrir d'une couche d'oxyde (alumine) ou était carrément recouvert d'un vernis protecteur modifiant l'aspect du métal. Bref, le résultat n'était pas particulièrement choquant sur mon modèle! J'ai ensuite poli certains panneaux à la poudre d'aluminium SNJ pour donner différentes teintes au métal.

Vint alors l'étape délicate du masquage: j'ai utilisé du ruban Tamiya dont le pouvoir adhérent avait été auparavant atténué en l'appliquant et en le décollant plusieurs fois sur une surface propre. Au cours du masquage, comme cela arrive régulièrement, je n'ai pas appliqué mes bandes au bon endroit du premier coup, donc j'ai du en enlever certaines délicatement. C'est avec dépit et une certaine rage que j'ai pu constater que la couche métallique s'arrachait quand même!!!

Avec un fini métallique totalement ruiné j'ai hésité à vérifier sur quelle distance l'aérodynamique du Sabre lui permettait de voler sans moteur et puis finalement j'ai réfléchi à l'option la plus sage: décaper et repeindre entièrement le bordel. Pour enlever toute trace de peinture, j'ai utilisé de la laine d'acier d'ébéniste 0000. J'ai été étonné de constater que la surface nettoyée était particulièrement lisse, donc j'ai décidé de ne pas la polir plus et de la laisser en l'état.

Suite à mes déboires, j'ai choisi de peindre les bandes d'identification en premier, de les masquer et peindre le métal ensuite.

L'astuce que j'ai utilisé a consisté à recouvrir largement au ruban Tamiya les zones à peindre en jaune, puis appliquer par dessus les bandes d'identification en decals de la boite, couper le masque le long des décals, enlever les parties jaunes et le masque au dessous, peindre un voile de blanc puis le jaune à l'aérographe (Gunze H 413, RLM 04 encore...), masquer, peindre les bandes noires, encore masquer par dessus le noir (pffff!…), enlever les masques "extérieurs" et enfin pulvériser la peinture métal (Testor Metalizer Aluminium)!

A gauche, les zones masquées avant application des décals. A droite, les bandes d'identification déjà découpées prêtes pour la peinture

Cette méthode un peu complexe et "légèrement" fastidieuse permet d'obtenir un fini métallique quasi-parfait avec les Metalizers.

   

Différentes teintes ont été utilisées: aluminium, stainless steel, magnésium et les différentes zones ont été différemment polies, avec ou sans poudre SNJ.

  La même méthode a été utilisée pour peindre les puits de train et les baies d'aérofreins.

Les décals

L'appareil que j'ai choisi est "the King", la monture personnelle du Colonel R. N. Baker, 4th FIW, 336th FIS basé à Kimpo en 1952.

J'étais assez inquiet quant aux éventuels problèmes que je pourrais rencontrer en appliquant les décals, pour deux raisons: les dernières séries Aeromaster imprimées par Cartograph sont très rigides et se conforment très mal aux petits détails de surface même en utilisant les solutions du genre MicroSol; par ailleurs, les decals Hasegawa sont généralement épais mais réagissent assez bien aux produits assouplissants. J'ai donc utilisé les uns et les autres selon les endroits et les types de marquages.

Finalement, les decals Aeromaster se sont révélé relativement fins et pas trop difficiles à appliquer. J'ai pu utiliser les stencils Hasegawa (non fournis par Aeromaster…) sans problème quoique leur film soit assez visible sous certains angles.

J'ai été également agréablement surpris par l'absence de réaction de la peinture aux produit MicroSol. Un bon point!

Finalement, un voile de vernis Metalizer a été pulvérisé pour donner un fini uniforme et atténuer les différences de brillance entre la penture et les décals.

La canopée a été masquée et peinte après pour être ensuite collée avec du ClearFix Humbrol.

Finitions et conclusion

Tous les bidules et les machins mis de côtés ont été ajoutés au dernier moment (pitot, aérofreins, vide-vite, réservoirs pendulaires, train d'atterrissage, etc…)

Comme de bien entendu, j'ai oublié quelque chose pendant l'assemblage et je m'en suis aperçu trop tard au moment où j'ai posé l'oiseau sur ses pattes: le lest dans le nez! Pour l'empêcher de reposer sur sa queue, je l'ai collé au socle de présentation.

Et voilà! Une belle et brillante addition à ma collection d'appareils au 1/48. Il ne m'a fallu que 17 jours pour le monter, mais ce Sabre s'est révélé être le plus délicat à peindre de tous mes modèles.

Vue en plan:  

 

Gros plan sur le flanc de fuselage avec l'insigne personnel:    

 

Gros plan du museau du bestiau:  

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