Revell Northrop F-89 D Scorpion 1/48ème

Introduction

Je suis désespérément influençable. A cause de Wings Of Fame, j'avais déjà acheté deux Lightning Airfix et un Vulcan Aeroclub (Oulà!). Et puis est arrivé un numéro comportant un briefing sur toutes les versions du F-89. Et j'ai craqué devant cette machine improbable. Et comme Revell a commis un F-89 D/J, j'en ai acheté un. Et comme je suis un peu gaga, j'ai acheté le F-89 C qui a suivi dix ans plus tard.

L'Avion

Immédiatement après guerre, les Etats Unis se trouvèrent confrontés à un nouvel ennemi, l'Union Soviétique. Ce pays, ayant copié le B-29, avait à sa disposition un avion permettant de frapper l'Amérique du Nord et développait des machines dont le rayon d'action les mettait à portée des Etats Unis. Cette perspective n'enchantait guère l'tat major américain, qui demanda un intercepteur capable d'abattre tout bombardier soviétique en maraude.

Curtiss présenta le XP-87 Blackhawk, un quadriréacteur biplace. Douglas proposa une version terrestre du F3D Skyknight qui devait équiper le corps des Marines. Northrop, qui avait déjà commis l'un des meilleurs chasseurs de nuit de la 2ème Guerre Mondiale avec le P-61 Black Widow, se fit représenter par le XP-89 Scorpion.

Les évaluateurs de l'US Air Force classèrent le Scorpion dernier des trois, mais lui reconnurent les plus grandes capacités d'évolution. Il fut donc choisi, au grand dam de Curtiss dont le XP-87 était la dernier chance, et dont ce fut le chant du cygne.

Comment donc était l'heureux gagnant?

Si vous imaginez qu'un intercepteur est forcément fin, racé et élégant, vous décrivez précisément à peu près n'importe quoi sauf un F-89. Le Scorpion est un gros avion (18 m d'envergure sans les bidons de bout d'aile), avec un nez démesuré, nécessaire pour loger la conduite de tir. Les premières versions (A, B et C) disposaient dans le nez de six canons de 20mm. Derrière ces canons, l'équipage était installé en tandem, pilote/radariste. Les ailes, droites, à grande corde, étaient implantées en position médiane. Sous les ailes, deux réacteurs Allison J-35, qui furent rapidement dotés de post combustion car un peu anémiques. Leur position ventrale en a fait de splendides aspirateurs à cochonneries diverses.

L'empennage était classique, mais très haut à cause de la faible longueur du train avant. Cette attitude "queue haute" valut d'ailleurs son nom à l'appareil.

L'avènement de la bombe atomique comme principal instrument de discussion mondaine changea les préoccupations des stratèges de l'Air Force. Il devenait inadmissible de laisser passer un seul avion au travers des lignes de défense, et les canons de 20 mm apparurent comme manquant de punch. Ainsi naquit le F-89 D, armé exclusivement de roquettes. Au bout de chaque aile, on avait mis d'énormes réservoirs de carburant, comportant à l'avant des alvéoles pour cinquante deux roquettes air-air de 70mm. Les cent quatre roquettes pouvaient être tirées en une, deux ou trois salves, et chacune était capable d'abattre un bombardier.

Les versions E, F et G ne quittèrent jamais la planche à dessin. La dernière version produite fut F-89 H dont les bidons de bout d'ailes contenaient chacun trois missiles Falcon dans des soutes individuelles et vingt et une roquettes de 70mm.

Trois cent cinquante F-89 D furent reconstruits et rebaptisés F-89 J. Les bidons de bout d'aile ne contenaient plus que du kérosène, mais on trouvait sous les ailes quatre missiles Falcon, et surtout deux roquettes air-air Genie, non guidées, mais à tête nucléaire. Un peu de poésie dans un monde de brutes, en somme...

La Maquette

Il y a dix ans que Revell a sorti le F-89 D/J. La boîte est imposante, et son couvercle représente un F-89 D, avec une grande gueule de requin et les marquages des avions en milieu arctique.

Les pièces sont moulées dans un plastique dur, gris métal, et sont finement gravées en relief. Le logo Revell et le copyright sont eux aussi gravés en relief sous l'intrados de l'aile gauche - sérieux ponçage à prévoir -.

Des pièces sont fournies pour les versions D et J, à savoir tableaux de bord différents, réservoirs de bout d'aile ou pods, réservoirs largables ou arsenal, et une verrière de protection pour le radariste en cas d'éjection spécifique au F-89 J. Deux décorations sont prévues, l'une pour un F-89 D du 61 TFW, basé à Ernest Harmon AFB, Terre Neuve et l'autre pour un F-89 J de l'Iowa Air National Guard. A ce propos, si l'idée de commettre un F-89 J vous titille, n'oubliez pas que les avions de l'ANG n'étaient pas dotés de Falcon.

Un support transparent à coller sous le croupion de la bête est fourni pour ceux qui n'ont pas voulu lui lester le museau.

La Gravure

Dans un accès d'enthousiasme qui aurait dû me valoir un séjour prolongé au pavillon des agités, j'ai décidé de regraver la maquette en creux. Bonne idée, Seb! Surtout qu'avec une finition métal naturel, le moindre défaut saute aux yeux avec vigueur!

En fait, ce n'est pas très difficile, mais c'est fastidieux. On commence par poncer les pièces de la maquette de manière à amoindrir le relief. Pour graver, on peut utiliser un scalpel, avec le dos de la lame, l'outil à graver Squadron ou, comme j'ai fait, une aiguille à coudre maintenue dans un mandrin. Ensuite, il faut trouver un guide pour éviter de faire des arabesques sur plastique. Pour les pièces à peu près plates, comme les ailes ou la profondeur, un régle métallique fera l'affaire. Pour les pièces complexes, comme le fuselage, j'ai utilisé de la bande DYMO en 6mm. Ca colle bien au plastique, ce n'est pas très cher, et merci à Hyperscale pour le tuyau!

Pour les lignes parallèles à l'axe du fuselage, on prend la bande telle quelle, tandis que pour les lignes perpendiculaires , on la coupe en deux dans le sens de la longueur, ce qui la rend plus souple et mieux à même de se conformer au fuselage. Et c'est parti! En cas d'erreur, on comble à la cyano, on laisse sécher, on ponce et on regrave, mais sans trop attendre. La cyano, une fois dure, est comme du verre!

L'utilisation de'une aiguille comme pointe à graver entraîne la formation de lèvres de plastique de part et d'autre de la gravure. Il faut les poncer soigneusement, ce qui bouche la gravure avec la poussière générée. De la colle liquide, passée parcimonieusement sur les traits, règlera le problème.

Construction

D'un clacissisme à toute épreuve, j'ai commencé par l'habitacle. Il est raisonnablement détaillé, surtout pour un modèle de cet âge. J'ai peint en noir les tableaux de bord spécifiques au F-89 D, et les ai brossés à sec avec du blanc. J'ai rajouté quelques menues touches de couleur en m'inspirant des photos du Detail & Scale (qui montrent un F-89 J, je sais.). Les cadrans ont reçu ensuite une goutte de Clearfix Humbrol.

J'ai percé la plaque repose pieds du siège du radariste. Les sièges sont peints en gris foncé et l'appuie tête en rouge. J'ai rajouté les ceintures et peint les brêlage olive drab. La baignoire a été peinte en gris foncé (je me suis trompé, j'avoue) et les détails en noir brossés à sec avec du blanc.

J'ai mis deux balles en plomb de .44 dans le nez, ce qui constitue un lest amplement suffisant, puis j'ai collé les demi fuselages. Visiblement, mon exemplaire avait été démoulé trop chaud! Un demi-fuselage s'écartait franchement de l'autre, avec en plus un décalage longitudinal au niveau de l'arrière du cockpit. Ce problème a été résolu en collant l'avant à la colle liquide puis en laissant durcir. J'ai alors fermement maintenu les deux pièces en position correcte avec du ruban adhésif, et passé de la colle liquide par l'intérieur.

La baignoire s'est positionnée sans problème, mais il faut confectionner un cache car la cloison arrière ne va pas jusqu'en haut. La pièce figurant les disques des turbines est peinte en noir brillant Gunze, puis les disques reçoivent une couche de Polished Aluminium Alclad II. Cette pièce s'adapte sans problème. La plaque ventrale, elle, va être nettement plus contrariante. Avec les déformations subies au démoulage, les écartements entre les demi fuselages sont hors côte, et la plaque ventrale rentre en force, avec des jours respectables sur les côtés. Un mastiquage et un ponçage soigneux s'imposent, la finition métal ne souffrant pas la moindre imperfection.

Les ailes sont percées pour fixer les bidons et s'assemblent sans problème,. On en profite pour fixer sous chaque aile la grosse trappe de train, toujours fermée ou presque lorsque l'avion est au sol. Les ailes sont ensuite collées au fuselage, et on fait une fois de plus appel au mastic et au papier abrasif car les joints eux aussi ont souffert du démoulage.

Le radôme est collé, copieusement mastiqué, puis c'est au tour des entrées d'air de subir le même traitement. L'empennage et le saumon de la dérive ne posent aucun problème. Le pare brise est masqué, puis collé et mastiqué.

Peinture

La première tâche consiste à lustrer toute la surface de la bête. La couleur intérieure est ensuite appliquée sur le parebrise, puis une couche de noir brillant Gunze est passée sur la maquette. Cela est rendu nécessaire par mon choix d'utiliser la gamme Alclad II, et en plus, pendant quelque temps, l'avion aura une teinte élégante, rappelant le prototype.

L'avion reçoit d'abord deux couches d'Aluminium. Différents panneaux sont peints en Duralumin, les bords d'attaque reçoivent une couche de Polished Aluminium. Quelques panneaux ont été passés à l'aluminium Testor's, d'autres à l'alu SnJ et traités avec la poudre d'aluminium du même fabricant. Les parties chaudes sont peintes Magnésium de Testors. L'intérieur des tuyères est peint Jet Exhaust d'Alclad, et l'extérieur Pale Burnt Metal.

Quand la peinture a durci, on peut commencer à masquer pour mettre en place les marquages arctiques. Attention (merci D&S!), il ne faut pas utiliser la couleur Arctic Red, mais de l'Insigna Red! Le rouge brillant n° 19 de Humbrol convient parfaitement.

Finitions

Les bidons et les pods roquettes/kéros sont assemblés, (copieusement) mastiqués et (tout aussi copieusement) poncés. Les bidons largables sont peints en noir, leurs pylones alu et les pods rouge brillant. Les panneaux anti reflets et le radome reçoivent une couche de noir mat.

Les trains sont peints alu Testors, les pneus noir pneu d'Aeromaster (tant qu'il en reste!) Les conduites hydrauliques sont soulignées au nor brillant. Les trappes reçoivent à l'intérieur une couche alu et à l'extérieur ont droit au traitement SnJ complet (peinture plus poudre).

La planche de décals avait jauni, mais un séjour prolongé accrochée à la fenêtre, en plein soleil, a rétabli la situation. La pose des décals est longue, à cause de la grande quantité de stencils divers qui parsèment l'avion. Un voile de vernis brillant est nécessaire, car les décals sont désespérément mats.

J'ai alors collé les pods, bidons, pitots et autres appendices. Et j'ai soufflé. FINI!

Conclusion

Cet avion est vilain, mais malgré tout sympathique. Et les difficultés que j'ai rencontrées sont à mon avis plus dues à mon exemplaire qu'à la maquette telle qu'elle a été conçue. Ce montage a été pour moi l'occasion d'un bon nombre de premières : première gravure en creux, première finition métal naturel, et première utilisation des peintures Alclad. Et en toute immodestie, je considère que je ne m'en suis pas si mal sorti!

Vivement le F-89 C!  

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