Special Hobby Mc Donnell XF-85 Goblin 1/48ème

(Merci à Modeling Madness)

   

L'avion

Pendant la deuxième guerre mondiale, un des problèmes de l'USAAF était l'escorte de ses bombardiers jusqu'aux objectifs et retour. Alors que ce problème fut résolu en Europe grâce au Mustang, sur le théâtre d'opérations du Pacifique, les distances gigantesques rendirent l'escorte quasi impossible. Ce ne fut que très tard dans la guerre, avec la prise d'Iwo Jima, qu'il fut possible d'escorter les B-29 jusqu'à leurs objectifs.

Après la guerre, les distances jusqu'au nouvel ennemi, l'Union Soviétique, étant encore plus grande, le problème fut amplifié. Le superbombardier, le B-36, avait un rayon d'action exceptionnel, mais, à part le F-82 Twin Mustang, il n'y avait pas grand chose pour escorter efficacement l'énorme appareil. 

Avec l'arrivée des avions à réaction, le F-82 aurait été désespérément surclassé, et il était strictement impossible aux chasseurs démesurément gourmands de l'époque d'escorter le B-36 sur quelque mission que ce fût. C'est dans cette ambiance que l'idée d'un chasseur parasite germa. 

Ce concept n'était pas nouveau. En fait, les Russes eux-mêmes avaient utilisé avec succès un bombardier TB-2 emportant des chasseurs I-16 lors de plusieurs missions au dessus de la Crimée pendant la deuxième Guerre Mondiale. Cependant, il s'agissait de missions de bombardement menées par les I-16, qui étaient amenés à l'objectif par le TB-2, et non de missions d'escorte, bien que ce fût ainsi que le programme avait été initialement conçu.

Pour les Etats Unis, le problème était de concevoir un avion suffisamment petit pour rentrer dans la soute à bombes d'un B-36. Ensuite, quad les chasseurs ennemis approchaient, l'escorte aurait été lancée pour les éloigner avant de rentrer à bord du B-36 pour se ravitailler en kéro et en munitions avant l'attaque suivante.

Le résultat était le minuscule XF-85 "Goblin". L'avion était en gros construit en fonction de la taille de son moteur, et devait rentrer dans une soute à bombes de B-36. Malgré ces défis, deux prototypes furent construits. Ils étaient petits, hauts, et avaient des ailes repliables pour rentrer dans la soute. Ne devant pas atterrir, il n'y avait pas besoin de train d'atterrissage. Un gros crochet fut développé pour que l'avion attrape un trapèze descendu depuis l'avion mère. Ce concept était similaire à celui des F9C "Sparrowhawk" utilisés depuis les dirigeables de l'US NAVY Akron et Makron dans les années 30.

Avec un B-29 comme avion-mère, les deux prototypes commencèrent leurs essais en vol à la mi-1948. Malgré plusieurs largages et accrochages réussis, et quelques autres beaucoup moins (le trapèze passant une fois fort près de la tête du pilote du Goblin, à travers le pare brise), le programme fut considéré comme un échec et abandonné début 1949. Même avec les pilotes les mieux entraînés, l'accrochage était très difficile, et on s'était aperçu que le pilote de chasse moyen n'en avait pas la capacité.

Les deux XF-85 volèrent au total 2 heures 19 minutes. Ils sont tous les deux préservés, l'un au musée de l'USAF à Dayton, Ohio, et l'autre au musée du Strategic Air Command, au Sud Ouest d'Omaha, dans le Nebraska.

La maquette

Le XF-85 de Special Hobby est typique de ce à quoi l'on peut s'attendre des maquettes short run tchèques. Il y a une grande grappe de plastique gris clair pour toutes les pièces en plastique. On trouve dans un sac les pièces en résine, et dans un autre la planche de décals. Le canopy est en thermoformé épais.

Le moulage des pièces plastiques est correct, bien que les bords de toutes les pièces soient suffisamment irréguliers pour avoir besoin d'un passage au papier de verre avant usage. Il n'y a que quatre marques d'éjection et elles se trouvent à l'intérieur des demi fuselages. Le niveau de détail est superbe, avec des lignes de structure finement gravées en creux. Il faudra toutefois les regraver un peu plus profondément, vu que le ponçage et le masticage risquent de les faire disparaître.

Les pièces en résine sont tout aussi bien détaillées, et semblent dépourvues de bulles d'air. La plupart des pièces de résines sont pour l'intérieur, le logement du crochet, l'entrée d'air, la tuyère et la structure de la remorque. Il y a aussi un très joli siège éjectable. Toutes ces pièces sont sur une carotte de moulage qu'il faudra poncer, mais on retrouve cela sur toutes les pièces en résine et ça ne devrait poser aucun problème à quiconque.

La planche de décalques est fort réussie, avec les serials pour les deux prototypes, et parfaite au niveau des couleurs. Comme d'habitude chez les tchèques, elle est faite par Propagteam, donc faites attention: c'est fin, et ça colle partout. (NDLR : je sais, c'est Propagteam qui a fait les décals du He 100, et j'en ai bavé!) Tous les marquages sont très bien faits et peuvent être lus aisément. Un canopy en vacu très transparent et suffisamment épais est fourni. S'il vous plaît, messieurs les fabricants, donnez en nous un second! Des fois, on se trompe et ça doit pas coûter si cher que ça!

La notice comporte 8 pages en noir et blanc. La première page comporte un historique en quatre langues. La seconde donne la liste des pièces et explique les différents symboles et couleurs. Les quatre pages suivantes contiennent les six étapes de la construction. Quand on les a lues, il devient évident qu'il va falloir faire beaucoup de choses en scratch. Les tubes de Pitot, les systèmes d'accrochage au chariot, et le patin d'atterrissage sont à la charge du maquettiste. La taille de ces pièces est donnée (en millimètres) et leur construction ne semble pas trop difficile, mais il faudra de la carte plastique pour bien faire le patin. Les deux dernières pages concernent l'emplacement des décals et la peinture. A part les serials, les deux décorations sont identiques. Les deux avions sont métal naturel, avec les extrémités des dérives jaunes et un panneau anti-reflets noir.

Le montage

On peut monter l'avion dans toutes les variations qu'il a subies au cours de sa brève carrière avec ce qui est fourni dans la boîte. J'ai choisi le second prototype utilisé dans les essais en vol initiaux, avant que les deux avions ne soient renvoyés chez Mc Donnell pour y recevoir les winglets et des bossages autour du crochet. Si vous avez vu les images de cet avion percutant le crochet, vous avez vu cette configuration.

Première étape : vérifions que les morceaux vont bien ensemble. On enlève de la grappe, on ébarbe, et on fait un essai à blanc avec les demi fuselages. Pas mal du tout. Ensuite, on essaie avec le cockpit en résine. Après quelque ponçage du fuselage, et beaucoup d'assemblage à blanc avec les deux demi fuselages, le cockpit est collé à la cyano sur le côté gauche. Après une procédure identique, la tuyère est aussi collée sur le coté gauche.

Ensuite, l'entrée d'air et le crochet furent nettoyés et collés ensemble. N'oubliez pas d'enlever la petite cloison du logement du crochet. Après pas mal de tentatives d'installer l'assemblage dans le nez, je me suis aperçu que l'entrée d'air avait un angle complètement inadéquat. J'ai séparé les deux pièces, et l'entrée d'air a été travaillée jusqu'à ce qu'elle s'assemble correctement avec le nez de l'avion, et collée en place. Evidemment, le logement du crochet ne rentrait plus; et il a fallu le poncer jusqu'à ce qu'un joint acceptable soit obtenu.

Malgré tous mes efforts, rien n'y fit, et il y avait des tas de trous à combler. Cela m'amène à me poser une question, au sujet des maquettes en short run : est-ce que quelqu'un les monte avant de les mettre sur le marché? C'est bien joli, ces trucs en résine et ce super détaillage, mais ça ne sert à rien si les pièces ne joignent pas!

Le collage du fuselage commence par le nez. Je savais qu’il fallait procéder par étapes si je voulais avoir un ajustage à peu près correct, et l’entrée d’air avait un ajustage abominable.

J’ai dégrappé les ailes pour les ébarber un peu. Argleuh ! ces machins ne sont même pas droits ! Une des ailes est tellement tordue que l’emplanture n’est pas rectiligne. Ca va être velu à réparer. Les deux ailes subirent donc le bain d’eau chaude pour essayer de les redresser. Ayant à peu près réussi, je les ai remises dans la boîte alors que je continuais à porter mon attention au fuselage.

Avec une combinaison de colle liquide et de cyano, j’ai fini par réussir à coller le fuselage. Il y avait BEAUCOUP d’espaces au niveau de l’entrée d’air et du logement du crochet, qui ont été comblés à la superglue en gel. Après séchage, les joints ont été poncés et les espaces restants comblés avec du mastic. Il a fallu plusieurs couches, étalées sur plusieurs jours pour obtenir quelque chose de décent. Pendant ce temps, l’intérieur a été peint US Interior Green. La notice dit gris, mais ça ne correspond pas à l’époque. Les photos montrent bien une couleur plus claire que le noir, mais comme la plupart des avions de cette génération étaient peint en interior green, c’est la couleur que j’ai choisie, à savoir Aeromaster Enamel AN1049 Interior Green.

Pendant ce temps, j’avais enlevé le siège éjectable de son bloc de résine, poncé le dessous, et avais peint ledit siège en gris, utilisant le Testor’s Model Master FS36231. Les différents détails ont été peints en suivant la notice. Il était maintenant temps d’ajouter quelques protubérances à ce petit œuf. D’abord, la dérive centrale supérieure. Pendant que le collage séchait, , j’ai passé une bonne heure à détourer le canopy en vacu pour qu’il s’ajuste correctement. Quand la dérive fut bel et bien sèche, j’ai passé un peu de mastic à sa base pour éliminer tout espace indu. Toutes les surfaces ont été jointes à blanc au fuselage, et toutes présentaient des jours de taille variée qui nécessitaient un masticage et un ponçage soigneux. Il a fallu une journée pour chaque surface, car je suis partisan convaincu de laisser le mastic sécher une journée avant de le poncer.

Une fois la dérive centrale en place et le collage sec, je disposais d’un axe qui me permettait de aser le reste des surfaces. Les surfaces suivantes ont été les ailes. Apparemment, j’avais réussi à les redresser. Une fois collées et fermement en place, j’ai rajouté les dérives extérieures. Les parties supérieures doivent être bien verticales une fois le collage effectué, alors faites y attention. Pendant que le mastic séchait sur les dérives, j’ai peint les détails de l’habitacle noir mat ou aluminium. Ensuite, un jus noir et un brossage à sec aluminium ou gris clair ont rehaussé les détails. N’y allez pas trop fort : avec 2h19 de vol pour les deux prototypes, les cockpits n’étaient pas très usés !

Sur un laps de temps de plusieurs jours, les dérives restantes furent collées. Ca fait pas mal de monde là derrière quand tout est installé ! C’est à ce moment que j’ai découpé le canopy thermoformé et l’ai délicatement travaillé pour qu’il s’ajuste correctement. Heureusement, le plastique est agréablement épais, rendant le travail indolore quoi que long.

Je me suis aperçu à ce moment que la cloison avant ne rejoignait pas le bas de la verrière. Avec plusieurs épaisseurs de carte Evergreen .030 et une lime, la cloison fut construite à la bonne hauteur. Elle fut nettoyée et repeinte avant la finition du cockpit.

Ensuite, j’ai collé le manche à balai. Le tableau de bord fut peint en noir, et les instruments en blanc. Des décalques d’instruments Reheat furent découpées et collées dans les trous appropriés. Les références indiquent d’excellentes photos du tableau de bord pour cette étape du montage. Une fois terminé, j’ai collé le tableau de bord, puis le siège éjectable et la verrière. Cette dernière nécessita un peu de mastic ici et là, et tout fut masqué. La verrière a été peinte interior green avant la peinture extérieure. Mais avant tout, il fallait construire le patin d’atterrissage.

C’était un moment où je ne me sentais pas vraiment d’attaque pour faire du scratch. Cette maquette ayant été un rien difficile, je la mis de côté « pour quelques jours » et attaquai quelque autre projet. Ces quelques jours se transformèrent en quelques semaines. Ce fut quand je commençai un travail de scratch similaire pour une autre maquette Special Hobby que je décidai de faire le patin pour le Goblin.

Le patin est maintenu par deux fixations, une juste sous le nez et l’autre approximativement sous le centre de gravité. Ces fixations consistent en deux plaques en demi cercle reliées par une tige. La fixation arrière avait aussi une plaque de renfort. Ces pièces furent taillées dans de la carte plastique .030 et mises en forme. Les tiges furent faites en plastique étiré. En fait, cela me prit un total de quarante minutes.

Et maintenant, c’était le tour du patin proprement dit. Il est composé de deux bandes, une de 4 mm de large, et une de 5 mm. La plaque de 5 mm est la plus longue, et a une courbure très prononcée. Plus facile à dire qu’à faire ! J’ai essayé l’eau bouillante, mais sans succès, n’obtenant pas une courbure permanente et au pire un tas de plastique informe. J’ai fini par l’enrouler autour d’un corps de couteau X-Acto un nombre considérable de fois jusqu’à ce que le plastique devienne enfin docile. J’ai alors collé l’avant de la bande sur la fixation avant. Les instructions ne disent hélas pas comment cela s’adapte, et je l’ai collé par dessus la tige. Quand cela eut séché, je collai la partie arrière, et obtins une courbure tout à fait convaincante.

Les cloisons d’aile furent mises en places, et en avant pour l’atelier de peinture.

Décoration

Toutes mes finitions métalliques se font sur une couche de blanc brillant ou de gris clair, et ce pour deux raisons. Premièrement, cela comble les petites éraflures qui apparaissent inévitablement. Deuxièmement, cela donne à la surface une lisseur constante, chose nécessaire pour les finitions métalliques. La première étape a été de peindre l’extrémité des dérives d’un jaune très clair. Les photos couleur de l’époque montrent ces panneaux en fibre de verre d’une telle couleur. Plus tard, dans les musées, on les a repeints d’un rouge plus frappant, mais ils n’ont jamais volé ainsi. J’ai masqué les panneaux, et passé tout le fuselage avec du Old Silver de Floquil (NDLR : je connais pas l’équivalent en France. Désolé). Cette peinture est excellente, mais si elle est sèche au toucher après quelques heures, il lui faut de 5 à 9 jours pour durcir ! Après durcissement, certains panneaux furent peints avec du Metallizer Aluminium de Testor’s, pour donner à la bête un aspect plus réaliste. Enfin, j’ai mis en place des masques et peint le panneau anti-reflets en noir.

Les décalques suivirent, et comme ils sont faits par Propagteam, je n'ai eu aucun problème particulier. J'ai utilisé un assouplissant, mais c'était une erreur. L'assouplissant a commencé à manger la peinture Floquil! J'ai donc passé la maquette entière avec du Smoke de Tamiya pour camoufler...

Il ne restait plus qu'à percer les bouts d'ailes pour les Pitots et installer le crochet. Ce dernier s'ajuste fermement dans un creux de la pièce du nez. Une fois qu'il est en place, on colle les activateurs du crochet à la superglue, après les avoir raccourcis. Enfin, j'ai collé la plaque du nez après peinture.

Le chariot

J'ai retiré les pièces des blocs de résine. Ce sont des poutrelles en T, et franchement, je n'ai pas réussi à les retirer sans endommager le bas des poutres, donc il n'y a pas de lèvre comme il le devrait. Les poutrelles arrière ne se fixent pas bien, et j'ai dû percer des trous dans la poutre transversale et fixer les poutrelles avec des morceaux de trombone pour faciliter l'ajustage.

J'ai attaqué ensuite les roues arrière. J'ai collé ensemble les moitiés de roue, puis les bras de soutien. Les roues sont trop épaisses, et je recommanderais une cure d'amincissement! Une fois les roues arrière en place, j'ai collé le diabolo avant et la barre de traction.

J'ai ensuite travaillé sur les supports de l'avion. Les deux petits supports de la queue sont placés en haut du "A" que forme le chariot, et faits de plastique étiré. Le support avant réclame énormément d'ajustages pour se mettre en place correctement. J'ai utilisé de la superglue à prise lente pour avoir un ajustage correct. J'ai peint le tout en noir pour cacher les milliers de bêtises que j'avais pu commettre durant la construciton, mais bon, l'original était aussi noir, alors...

L'avion terminé fut alors placé sur son chariot. FINI!

Conclusions

Franchement, ce n'est pas le modèle le plus simple que j'aie jamais construit. Il a mis à l'épreuve toutes mes capacités de maquettiste, et je n'ai quand même pas obtenu un joint à mon goût entre la verrière et le fuselage. Cela dit, maintenant que j'en ai terminé, je suis content de l'avoir construit. Et ce qu'il y a de vraiment bien avec cette boîte, c'est qu'on peut construire toutes les variantes de l'avion.

Je recommande cette maquette avec quelques réserves. Il faut avoir construit pas mal de maquettes en short run avant de s'y attaquer. Mais bon, ça vous préparera à de nouveaux défis!

 

Références 

Airpower magazine, January 1985

Air Enthusiast #52, Winter 1993

Wings of Fame, Vol 7

Merci à Squadron Mail-Order pour la maquette.  

Le texte et les photos présentes dans cet article sont copyright Scott Vanaken. Toute reproduction interdite sans son accord écrit.  

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