Le English Electric Lightning est le seul intercepteur Mach 2 jamais conçu et utilisé en Grande Bretagne. Puissant, rapide, extrêmement manœuvrable mais affligé d'une autonomie ridicule, il représentait un progrès phénoménal par rapport au Hawker Hunter alors en service, sans parler de l'épouvantable Gloster Javelin. Le progrès était tel que 1000 heures sur Hunter étaient requises pour pouvoir s'installer dans son cockpit, qui était celui que les pilotes convoitaient le plus.
Pour diminuer l'attrition initiale et les problèmes de conversion, English Electric eut à concevoir une version biplace de sa bête de course. Les ingénieurs, obéissant à la mode alors en vogue en Grande Bretagne, élargirent le museau de l'appareil pour en faire un biplace côte à côte, ce qui donna à cette version un aspect très moyennement gracieux et lui valut le surnom pas précisément enviable mais particulièrement adapté de " baignoire ". L'aspect final était on ne peut moins conventionnel : aile en flèche à 60 degrés, biplace côte à côte et réacteurs superposés, la configuration était unique.
La RAF utilisa deux versions du biplace : le T4 était dérivé du F1, et avait la dérive pointue caractéristique des premières versions du Lightning, et le T5, utilisé dans les unités de conversion opérationnelle, qui était dérivé du F3 et avait donc la dérive agrandie et " carrée ". Le T5 avait comme particularité d'avoir un bloc mannettes de chaque côté de l'habitacle. L'instructeur devait donc faire attention, en cas de remise des gaz en finale, à pousser avec la main droite et tirer avec la main gauche, car l'action inverse, bien que totalement naturelle, aurait entraîné une catastrophe. Miraculeusement, cela n'a jamais eu lieu.
Un dernier biplace fut fabriqué, mais réservé à l'export. Une poignée de Lightning T54 fut fabriquée, sur base F6, et destinée à l'Arabie Saoudite et au Koweït. Déjà que l'avant n'était pas terrible, on lui avait en plus rajouté le réservoir ventral qui donnait l'impression qu'on avait croisé un requin avec une vache enceinte.
Airfix a sorti deux boîtes de Lightning au 1/48ème : le F1A/F2/F3 et le F2A/F6. Les contenus de ces dernières sont similaires, la différence résidant dans le fuselage permettant dans le cas du F2A/F6 de faire le gros bedon avec ou sans les canons. Ce sont de très belles maquettes, caractérisées toutes les deux par des planches de décals absolument somptueuses, qui permettent de décorer un Lightning de chaque unité de la RAF ayant utilisé cet engin.
Tel que les choses étaient parties, il était improbable qu'Airfix se décide à faire un biplace supplémentaire. Mais, dans un éclair de génie, John Adams, d'Aeroclub, créa une conversion en plastique injecté permettant de construire une " baignoire ". Les formes sont justes, mais le plastique est épais, et le niveau de détail un peu brut. L'intérieur est en métal blanc, et deux verrières thermoformées sont fournies. Nos amis russes de Neomega eurent alors l'excellente idée de faire un set de détail en résine pour compléter le kit Aeroclub, et là, c'est magnifique : deux splendides Martin Baker Mk 4, un intérieur parfait, et le tout qui s'ajuste à peu près à la perfection. Je dis à peu près, parce que quand j'ai commandé le kit Neomega, les instructions n'étaient pas prêtes, et j'ai donc dû improviser l'ajustage des pièces. Quelques coups de scie, du papier de verre et du mastic m'ont permis de surmonter les relatives difficultés ainsi causées.
Puisque j'en étais à tout mélanger, j'ai aussi rajouté un kit CMK de détail des puits de trains, avec un cône nasal, les puits de trains de nez et principaux, les roues, deux contrefiches du train principal et les différentes trappes. C'est très joli aussi, mais ça a demandé pas mal de ponçage et de grattage de plastique pour finir par consentir à s'adapter aux pièces Airfix.
J'ai commencé par scier les demi fuselages de la maquette Airfix, m'aidant de la notice Aeroclub. J'ai scié un peu avant la ligne de structure indiquée comme guide, finissant le travail par un ponçage au papier de verre gros grain. Je me suis alors intéressé aux canaux de post combustion et aux tuyères. J'ai peint l'intérieur en noir acrylique brillant, et une fois la couche bien sèche, j'ai passé du Jet Exhaust Alclad 2. L'extérieur a reçu une couche Métal brûlé Alclad 2, recouvert d'une couche irrégulière d'Aluminium foncé.
La pièce figurant le croupion a reçu le même traitement. J'ai collé les tuyères et les canaux de PC à l'intérieur d'une coquille et j'ai refermé le fuselage arrière. Des lignes de joints sont apparues mais j'ai décidé de les laisser pour l'instant.
J'ai peint l'intérieur du nez Aeroclub en noir pneu, ainsi que les pièces Neomega. Le cône d'entrée d'air en résine CMK a été peint alu Testors et le radôme vert cockpit Model Masters. J'ai peint la veine d'entrée d'air Airfix alu Testors, et j'y ai emprisonné la pièce en résine. Quelques coups de scie sont à prévoir pour que le puits de train puisse passer.
J'ai alors mis en place l'entrée d'air complète dans le nez Aeroclub, ce qui m'a permis d'avoir un guide pour le plancher Neomega. Les essais à blanc que j'ai effectués à ce moment m'ont montré les découpes que j'avais à faire dans les pièces Aeroclub, à savoir raccourcir la casquette de tableau de bord de 5 bons millimètres et enlever les épaulements sur les bords du cockpit.
Après mise en valeur des détails sur les parois, le tableau de bord et la cloison arrière, j'ai collé les pièces Neomega à la cyano. J'ai ajouté deux balles en plomb de .44 dans le nez pour être sûr de l'assise de mon Lightning, et j'ai refermé le nez. Là encore, de splendides lignes de joints m'ont sauté au museau, mais j'ai encore décidé de les laisser en paix.
Le premier moment de vérité approchait : la jonction du nez et du reste du fuselage. Ca ne s'est pas trop mal passé, mes découpes étaient correctes (miracle !), et seules quelques imperfections demeuraient au niveau de l'arête dorsale.
En revanche, le gros des ennuis provenait non pas des écarts entre nez et fuselage, mais des différences d'épaisseur de plastique. J'ai traité le tout au mastic, profitant de ce moment pour boucher les trous que j'avais remarqués précédemment. Quelques séances de ponçage vigoureux, une couche de peinture pour traquer les défauts résiduels, un autre passage de mastic et un ponçage soigneux m'ont donné une jointure à peu près parfaite.
J'ai alors laissé le fuselage pour m'intéresser aux ailes. Les puits de train en résine CMK sont superbes, mais nécessitent un affinage conséquent de l'intérieur des demi voilures. Je l'ai effectué à la mini ponceuse, et j'ai sournoisement réduit l'épaisseur des pièces en résine. Les puits de trains ont été collés à la cyano, et les demi voilures réunies. J'ai eu besoin d'une petite cale en carte plastique pour éviter un disgracieux effet d'escalier entre intrados et extrados. J'ai ensuite rajouté les becs de bord d'attaque (masticage et ponçage à nouveau) et les volets. Sur ma maquette, il y avait une vilaine retassure à l'extrados de chaque aile, près du bord d'attaque, à l'extérieur des becs, ce qui a entraîné une nouvelle séance de masticage/ponçage.
Les ailes ne joignent pas très bien au fuselage, mais un peu de mastic et de papier abrasif rétablissent vite la situation. La dérive et la profondeur ne demandent quasiment aucun travail supplémentaire.
Les aérofreins, en position fermée, demandent plus de travail. En effet, l'aérofrein droit disparaît au fond de son logement, et le gauche en dépasse. J'ai comblé le droit avec du mastic (pas mal de ponçage, remasticage et re ponçage) et limé ce qui dépassait à gauche avant de le polir.
Quelques vues du bestiau en cours. Allez voir, et puis un coup de Back, comme d'hab!
L'entrée d'air m'a aussi pas mal amusé. Devant le travail d'affinage nécessité par la pièce en métal Aeroclub, j'ai pris la pièce Airfix. Mais elle n'était pas prévue pour ce nez là ! J'ai donc dû faire la transition entre le nez Aeroclub et la pièce Airfix au mastic et rattraper la forme par ponçage, sachant que l'entrée d'air est peinte en métal, et ne supporte donc pas la moindre imperfection.
Une fois le museau poli, j'ai passé une couche de Ocean Grey pour vérifier l'état de surface. J'avoue avoir été agréablement surpris par le faible nombre de défauts à corriger.
A l'origine, j'avais décidé de faire un T5 du 5 Sqn tel qu'il était lors d'une campagne de tir en Méditerranée, c'est à dire avec l'arête dorsale peinte en blanc du croupion jusqu'à environ un mètre du cockpit. Je l'avais même peint comme cela, et commencé a poser les décals, et envisagé de faire les décals de la dérive et les marques d'escadron à la main. La mise en place du pare brise, avec le ponçage qu'elle a exigé, et la collection d'âneries que j'ai commises à ce moment ont quelque peu bouleversé mes plans. J'avais cochonné une partie peinte en Ocean Grey, et comme j'avais utilisé de l'Aeromaster, finissant mon pot à cette occasion, et comme Aeromaster ne fait plus de peinture, j'ai été obligé de tout repeindre. Mais d'abord, il m'a fallu tout décaper ! Après un sondage éclair, j'ai décider d'attaquer la peinture au Jex Four. Ca marche très bien. Trop bien, même, puisque une partie du mastic a été mangée !
J'ai donc re-mastiqué, et poncé, et tout nettoyé. Puis j'ai regardé la planche de décals, et je me suis dit qu'un avion du 11 Sqn était facilement réalisable à partir de ce dont je disposait, puisque seuls les " S " du serial étaient à ma charge. Tant pis pour le dos blanc…
J'ai donc commencé par une couche de noir acrylique sur le ventre et les intrados, préparant ainsi l'arrivée de Duralumin Alclad II. J'ai ensuite peint le dos en Ocean Grey Humbrol, que j'ai laissé sécher une semaine. J'ai alors confectionné des masques avec de l'adhésif Tesa. J'ai alors peint le camouflage en utilisant du Dark Green Gunze. Attention à ce Dark Green, d'ailleurs : la teinte RAF " moderne " est plus olivâtre que celle utilisée pendant la Deuxième Guerre Mondiale.
Quelques masques plus tard, j'ai passé la couche Dural sous la bête, et peint le croupion en Dark Aluminium (toujours Alclad II) et l'anneau frontal en Highly Polished Aluminium.
Il manque encore pas mal de choses à ma baignoire : les sièges, les manches, le viseur, la verrière et tous les petits bouts qui dépassent et qui ont une fâcheuse tendance à casser.
Les sièges sont peints en noir pneu et gris foncé. Le dossier est vert olive, et le coussin cuir. Le brelage est olive passé, avec les extrémités de certaines ceintures bleu vif. Les poignées d'éjection sont en fil de cuivre fin, peintes en jaune, striées de noir et collées à la cyano. Les manches sont noirs.
Le viseur est un petit carré de rhodoïd transparent.
Les puits de train reçoivent un jus noir. J'ai fabriqué les conduites hydrauliques en fil de cuivre et leurs colliers de serrage en alu adhésif. Les colliers sont blancs et les conduites noires. Les trappes de train reçoivent une couche alu, vernis mat à l'intérieur. Les roues sont peintes noir pneu, puis masquées avant que le moyeu soit peint en alu.
La verrière thermoformée a été plongée dans du Klir. Je l'ai ensuite laissée sécher, puis j'ai collé les divers montants et arceaux en résine préalablement peints en noir pneu. J'ai alors masqué la verrière, et passé une couche de noir. Après séchage complet, j'ai refait des masques pour peindre un liseré jaune bien net autour des vitres.
Les sondes diverses sont alu et installées à ce moment. La perche de ravitaillement est noire, avec le gland alu.
Les décals se sont posés sans problème. Le seul souci a été les S du serial. Je n'ai pas réussi à imprimer correctement sur du papier pourtant verni mat, et comme je suis désespérément incapable de peindre les lettres à la main, j'ai attaqué des 8 au cutter pour arriver à des S à peu près présentables. Ce n'est pas la bonne forme, mais ça fait illusion.
Une fois les décals posés et les missiles Redtop collés en place, j'ai verni mat la bête et soufflé un grand coup !
C'est la première conversion que je tente. Ca n'a pas été simple, surtout que je n'avais pas la notice du kit Neomega. J'ai découvert les travers des peintures Metallizer (même vernies, elles s'arrachent avec une facilité déconcertante avec de l'adhésif Tesa…), les joies des décals maison, le bonheur de l'ajustage de pièces franchement hétérogènes et le léger agacement dû au décapage complet d'un modèle presque terminé.
On ne peut pas vraiment dire que l'avion est beau, mais je suis satisfait du résultat. D'ailleurs, un autre Lightning biplace est prévu, mais celui-ci sera métal naturel !