Eduard Roland C II 1/48ème

Historique

La Luftfahrzeug Gesellschaft (L.F.G.) fit pour la première fois parler de ses productions lorsque Bruno Langer battit le 3 février 1914 le record du monde de durée de vol en 14h 6 mn sur un Roland " Pfeil ". La firme avait choisi le nom Roland à cause de son caractère guerrier (en référence à la chanson de geste moyenâgeuse), pour éviter toute confusion avec son concurrent L.V.G.

La 1ère guerre mondiale commencée, Roland proposa quelques prototypes assez originaux, notamment un gros biplan dont le moteur était installé dans le fuselage, derrière le pilote, et actionnait deux hélices propulsives à la manière des avions des frères Wright. Puis, l'usine assembla sous licence quelques Albatros, donnant l'occasion à l'ingénieur en chef Tantzen de se pencher sur les problèmes d'aérodynamique (réduction de la traînée) et de visibilité des équipages, problème récurrent des biplans.
De ses travaux et d'études en soufflerie naquit le Roland C II, dont l'aile supérieure avait été abaissée au niveau du haut du fuselage pour éviter la traînée des mats de cabane et dégager la vision, et dont les mats d'entreplan étaient reliés en une seule surface verticale. Le fuselage lui-même, avec sa forme oblongue était aérodynamiquement très pur.

Arrivé sur le front en mars 1916, il surclassa en vitesse et en montée tous ses concurrents de la Classe C (biplans biplaces armés) pourtant équipés du même moteur Mercedes D III de 160 CV, égalant les performances des chasseurs alliés contemporains comme le Nieuport 11 ou le Sopwith Pup, bien plus légers. Surnommé Walfisch (Baleine) en raison de sa forme, il servit aussi bien pour la reconnaissance lointaine, que le bombardement, et le réglage d'artillerie pendant plus d'un an, jusqu'au milieu de 1917.

Mais ses qualités aérodynamiques furent également à l'origine de ses défauts les plus importants : une instabilité chronique due au manque de surface de la dérive, comme pour tous les avions de cette époque, mais aggravée par une charge alaire élevée, ce qui, en contrepartie, favorisait sa vitesse. Plusieurs accidents causèrent la mort des équipages lors d'évolutions serrées, ce qui handicapa toujours ses capacités de chasseur. Le plus gros reproche que lui firent ses utilisateurs, fut paradoxalement le manque de visibilité. Malgré les grandes échancrures à l'emplanture des ailes, la vision vers le bas était très mauvaise, ainsi que vers l'avant. Associée à une forte instabilité et une faible charge alaire augmentant la vitesse de décrochage, l'atterrissage d'une telle machine était assez sportif, principalement sur les terrains de fortune près du front.

Malgré ces défauts, cet avion fut toujours respecté par ses adversaires qui redoutaient sa vitesse de chasseur monoplace alliée à un mitrailleur arrière de biplace.

Dans la nuit du 6 au 7 septembre 1916, la firme LFG Roland fit l'objet d'une attaque de la part des services secrets anglais qui incendièrent l'usine, ce qui entraîna la destruction du prototype du C III. Voilà qui donne une idée du danger que représentait la firme pour les alliés.

La maquette

Avec cette maquette, Eduard change de braqué. Les modèles précédents comme le Nieuport 17 ou le Yak 3 marquaient déjà un net progrès tant au niveau des détails que de la qualité du plastique et du moulage, mais l'arrivée presque simultanée de ce Roland C II et du P-39 le fait entrer dans la cour des grands, au même titre que Hasegawa ou Tamiya, surtout en ce qui concerne l'intelligence de la conception du modèle.

Tout ça pour dire que le niveau de détail est incroyable pour un avion de cette période pour lequel la documentation n'égale pas celle des machines postérieures, et qu'il est facile à monter, bien qu'il s'agisse d'un biplan.

Le montage

En général, le cockpit d'un avion de la guerre de 14, qu'il soit au 1/72e ou au 1/48e se compose de cinq ou six pièces au mieux. Il y en a ici 27. Je préfère ne pas m'appesantir sur l'exactitude de l'aménagement de l'habitacle, pour la simple raison que les photos ne courent pas les rues, d'une part, et que d'autre part, les équipages adoraient personnaliser leurs intérieurs, sans doute histoire de se sentir plus chez soi. Alors, présumant du sérieux de M.Eduard et de ses acolytes, prenons ce qu'ils nous donnent. Les parois internes sont peintes en couleur bois, ce que je réalise personnellement en passant une couche de marron (clair ou foncé suivant le bois à matérialiser) suivi d'une couche de vernis orangé de chez Tamiya référence X 26. Pour faire plus joli, on peut veiner la sous couche marron avec des filets marron plus clair (genre tan viet nam) avant de passer le vernis. De loin et dans la pénombre du cockpit, l'effet est saisissant.

Pour continuer à encenser Eduard et consorts, la boîte, même pas profipack, fournit des caches pour protéger certaines parties de la peinture. Ainsi, c'est sans remords qu'on commence par installer les quatre petites vitres des flancs du bestiau, puis tout l'aménagement : manettes, cloisons, seringues, pistons, bouchons et autres camemberts de mitrailleuses, le manche en deux pièces, palonnier et sièges presque confortables.

Curieusement le moteur est moins détaillé. Il faut dire qu'il disparaît en partie dans la carlingue et que le peu qui en émerge est coiffé d'appendices variés, dont un gros collecteur d'échappement (à installer avec les finitions). A part l'arrière du moteur non visible et qu'on rabotera un peu, tout rentre comme dans du beurre et on referme le fuselage qui joint comme du Tamiya. La ligne de collage est poncée délicatement à l'eau pour que rien n'apparaisse et très vite le résultat est irréprochable.
On passe ensuite à la trouilloteuse comme on dirait à la Banque de France, parce qu'avant de mettre les ailes en place, il faut faire les trous pour les haubans. Après ce sera beaucoup plus compliqué.

Personnellement, je préfère les haubans en fil, c'est assez facile à mettre et c'est plus réaliste en terme d'épaisseur. La corde à piano est plus simple à installer, mais et d'une, il faut en trouver, et de deux, de la bonne taille. Donc, je prends du fil de pêche en nylon, diamètre 14 pour du 1/48e et du fil à gant n° 120 dans toute bonne mercerie pour le 1/72e.

Mais pour ça, il faut faire des trous. Dans le fuselage quatre au niveau du nez, deux de chaque côté du fuselage tout près de l'endroit où viendra l'aile inférieure et deux correspondant en haut où se logera l'aile supérieure. On trouera aussi les ailes à côté de l'emplacement futur des mats d'entreplan. Il est bon aussi de prévoir les haubans de train d'atterrissage. Pour mon avion je m'en suis dispensé, nous l'allons voir tout à l'heure.

La voilure

Si toi, cher lecteur, tu t'es toujours dit qu'il fallait être un peu fou pour faire un biplan parce que c'est compliqué et pis que c'est vieux et que ça volait pas vite, mais que, par amour du défi, tu te dis qu'un jour, juste comme ça, pour voir tu en feras peut-être un, je te conseillerai deux modèles parmi ce qui est sorti jusqu'à aujourd'hui : le Swordfish de Tamiya et ce Roland C II. Encore que pour le Swordfish, je sois un peu plus réservé du fait de la trop grande simplicité du montage qui ne donne pas du tout l'idée de ce qu'est la construction d'un biplan.

Car le montage de voilure du Roland est un vrai plaisir : L'aile inférieure d'un seul tenant à coller sous le fuselage et l'aile supérieure en deux parties dans les emplacements prévus à cet effet, comme n'importe quel Bf 109 ou Fw 190. Et pour se simplifier encore la tâche, il y a ces gros mats d'entreplan qui consolident tout ça, comme des gabarits tous prêts.

Peinture

Contrairement à l'habitude, c'est à ce moment qu'il faut entamer la peinture. En effet, quand on construit un biplan, on termine toujours par l'installation de l'aile supérieure, après peinture. Mais là, puisqu'il n'y a pas de cabane, on peut peindre sans remords ce qui a été monté. J'ai protégé mes vitres avec les caches fournis, puis j'ai suivi bêtement les propositions d'Eduard ayant sous la main les peintures Tamiya préconisées. Pour le bleu, j'ai pris un RLM 76 qui convient plutôt bien, pour le vert, le flat green XF 5 Tamyia. Quant au mauve, on retombe dans le problème classique : J'ai pris le X 16 Tamiya qui n'existe qu'en brillant, pour m'apercevoir quinze jours plus tard que Polly scale (qui a repris bon nombre de teintes d'aeromaster) avait produit son propre mauve qui n'avait bien sûr qu'un lointain rapport avec le Tamiya. Mais une discussion avec un éminent spécialiste m'a convaincu que le mauve Polly scale avait toutes les chances d'être aussi peu réaliste que le Tamiya. Un point partout la balle au centre.

Finitions

Une fois les grandes taches de couleurs posées, on prend les autres petits caches fournis par Eduard et on prépare la jolie gueule de requin (au choix noire ou rouge, un mystère de plus), la dérive et le gouvernail ainsi que les roues pour ne pas déborder. C'est tout bête, mais c'est fou ce que ça simplifie la tâche.

On met ensuite les différents décals, on place les petites pièces embêtantes genre mitrailleuses, collecteur d'échappement, train d'atterrissage, radiateurs, et pour faire joli, on termine par les rideaux aux fenêtres.

Bon, d'accord, c'est pas des vrais rideaux. Sur la machine originale, ils étaient peints. Et ils n'ont existé que sur cette seule machine. Mais comme quoi, on dit que les allemands n'ont pas un sens de l'humour très développé, en pleine guerre de 14, je trouve qu'il fallait oser ! Et puis ça va très bien avec le coté cosy de l'aménagement intérieur.

Enfin, on termine par les haubans. On glisse un bout de fil de nylon noirci au marqueur dans un trou, on met un point de colle cyano avec un bout d'étiré, histoire de le boucher (le trou). On attend un peu ou on remplit d'autres trous du fuselage, puis, quand on peut tirer sur le fil sans qu'il s'en aille, on glisse l'autre extrémité du fil dans le trou correspondant, qui traverse l'épaisseur de l'aile. On le fait sortir et on y attache une pince à linge ou n'importe quoi d'un peu lourd, le fil se tend automatiquement. Il suffit de refaire le coup de la cyano avec le bout d'étiré et de laisser sécher. Effet garanti. On coupe le bout du fil qui pendouille avec une lame de rasoir, un petit coup de ponçage sur le monticule de colle durcie s'il y a, et retouche de peinture.

Pour ma part, j'ai réalisé les haubans de train en corde à piano, en calculant la longueur nécessaire avec un compas. Il suffit ensuite de poser le bout de fil de fer qui doit tenir tout seul si il a été bien mesuré, mettre un peu de colle aux extrémités et c'est fini.

Juste pour le fun, un petit coup de vernis semi mat ou mat, histoire d'uniformiser la surface.
Enfin, je termine en collant l'hélice qui doit rester brillante.

J'ai honte, mais je n'ai pas patiné mon modèle. Je l'aime bien, tout propre.

Pour les fainéants de la peinture, il existe une déco intégralement bleu RLM 76, un des Roland C II les plus connus. Alors avec ça, si vous ne vous y mettez pas, aux biplans…


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