B.A.C TSR-2 Dynavector au 1/48ème

L'avion

La Grande Bretagne a commis des avions splendides et des machins assez curieux. Avant guerre, en général, c'était bizarre. Pendant la guerre, on a eu droit à des merveilles (le Spit Mk IX, miam!), et puis après la guerre, les ingénieurs granbretons ont décidé de se consacrer à l'exotique. Mais, à la fin des années 50, lesdits ingénieurs s'acharnèrent à répondre à des spécifications du ministère de l'Air pour un avion d'attaque à basse altitude et à grande vitesse, dans l'idée de remplacer le Canberra. Ils ne firent pas dans la dentelle, et conçurent un monstre. Plus long de six mètres qu'un Lancaster, deux fois plus lourd, et avec l'envergure d'un Spitfire, il devait pouvoir voler à Mach 1.2 à 200 pieds sol, et savoir faire de l'attaque, du bombardement nucléaire et de la reconnaissance.

L'avion embarquait un radar de suivi de terrain, un radar à balayage latéral, des capteurs à ne plus savoir qu'en faire. Il était équipé d'un viseur tête haute projeté sur le pare-brise. Pour le confort de l'équipage (et donc pour une efficacité accrue), les ailes étaient fixées par sept points souples au fuselage, et leurs oscilations absorbaient les chocs dus aux turbulences. Le cockpit, monté sur un point nodal d'oscillation du fuselage, permettait au pilote et au navigateur un vol d'une exceptionnelle douceur. Enfin, grâce à un système de soufflage des volets, de réacteurs Rolls Royce Olympus (dont les descendants directs propulsèrent le Concorde) et un train d'atterrissage avant extensible, il devait pouvoir décoller en 700 mètres d'une piste taillée au bulldozer dans la jungle. La course à l'atterrissage était quant à elle raccourcie grâce à un énorme parachute frein.

Le plus beau, c'est que tout ça a marché. L'avion se comportait en vol comme un Lightning malgré sa taille imposante, avait des accélérations foudroyantes (et même le Lightning n'arrivait pas à le suivre), mais il arriva au mauvais moment. Le gouvernement britannique d'alorsdécidé d'annuler le projet après une vingtaine de vols, et anéantit toute trace ou presque du programme. Seuls deux exemplaires survécurent. L'un est exposé à Duxford, et l'autre à Cosford. Le pire, c'est que cette machine aurait eu des performances supérieures à celles de tous les avions d'attaque lointaine actuels...

La maquette

Avec une histoire aussi brève, il est évident qu'aucune marque traditionnelle n'allait s'intéresser au TSR-2. Heureusement, Dynavector l'a fait.

Oui mais. C'est du vacu. Et là, le maquettiste standard dégaine sa gousse d'ail, son crucifix et ses pieux en bois. Et il passe à côté d'un modèle somptueux.

Livré dans la traditionnelle boîte en carton fort, il comprend 5 plaques de plastique blanc, deux verrières thermoformées et une cinquantaine de pièces en métal blanc d'excellente facture pour tout l'accastillage. Les pièces sont gravées en creux.

L'habitacle est correctement détaillé, mais les sièges nécessiteront un peu de travail, mais pas trop parce qu'on ne verra vraiment pas grand chose une fois la verrière en place. Les trains auraont besoin du rajout de divers tuyaux, mais les efforts pourront s'arrêter là.

Deux décorations sont possibles pour les deux premiers prototypes. Les décals sont imprimés par Fantasy Printshop et sont excellents.

Un mot enfin sur les instructions. C'est de l'excellent travail. Même s'il n'y a pas les enchaînements de beaux dessins qu'on trouve chez Tamigawa, il suffit de les lire avec attention pour éviter bien des déboires. Tous les pièges éventuels sont indiqués, et toutes les solutions aussi.

Et maintenant, en image, le contenu de la boîte...Le pot de Gunze est là pour donner une idée de la taille.

Le dessous de l'arrière du fuselage Le nez, les tuyères, les entrées d'air, les baignoires du cockpit et les puits de train L'aile (intrados + extrados) Profondeur, dérive, saumons d'aile et trappes de train

 

Le haut de l'arrière du fuselage L'accastillage

Cliquez sur les images pour les agrandir...

La préparation

En général, c'est cette phase qui rebute les maquettistes. Il n'y a pas de quoi. Suivez mes conseils et épatez vos amis, vous allez voir, c'est pas dur. En revanche, c'est long et salissant.

On commence par détourer la pièce au crayon gras (2B, c'est parfait). On fait en sorte que la pièce et la plaque soient marquées.
Ensuite, on découpe la plaque à 1 ou 2 millimètres de la pièces, en faisant tout le tour. Pas la peine de traverser la plaque avec le cutter : marquez bien le plastique, puis cassez simplement la plaque suivant le trait de découpe.
Là, c'est le grand moment. Sur une cale en bois, fixez du papier de verre gros grain (entre 120 et 180). Empoignez cette cale et poncez le dessous la pièce pour faire disparaître la bande de plastique qui l'entoure. Soyez patients! Pour vérifier où vous en êtes, c'est simple. Quand vous avez presque fini, la marque de crayon est visible par transparente sur la bande de plastique. A partir de ce moment, redoublez de prudence et allez y avec délicatesse. A la fin, la bande sera translucide et elle va se détacher toute seule.

Certaines pièces nécessitent des renforts. Comme l'auteur de la notice est quelqu'un de compétent, il explique par le menu quelles sont ces pièces, quels renforts doivent être installés, et où.

L'arrière du fuselage. Deux renforts horizontaux en carte plastique de 1mm d'épaisseur, et des renforts collés à la cyano sur les puits de train pour éviter toute promenade ultérieure et contrariante. Le même, sous un autre angle. Les deux plots que l'on voit sur la gauche de l'image serviront à maintenir les tuyères en place. Le nez de la bête. Des poutrelles de carte plastique sont collées aux parois pour les raidir. D'autres sont installées sous les baignoires et sur le puits de train, toujours pour éviter les promenades. Enfin, des renforts verticaux sont installés.

 

L'intrados avec ses longerons. Les marques au crayon correspondent aux indications données sur la notice. L'extrados, avec là aussi les marques au crayon...

Construction

Une fois n'est pas coutume, j'avais commencé par l'aile. J'ai relu les instructions juste à temps, et j'ai évité une grosse bêtise. IL NE FAUT PAS assembler l'aile! Il faut d'abord construire l'arrière du fuselage, puis coller l'intrados sur ce dernier avant de rajouter l'extrados. Bon, on souffle, on prépare les pièces, on creuse les trous des puits de train, on installe ceux-ci, on colle les renforts et on assemble. Un peu de mastic est nécessaire...

 

Ensuite, on installe l'aile, et on fait des essais d'ajustage avec le nez.

Les baignoires sont extraites de leur plaque et installées dans le nez, tout comme le puits de train. On referme le nez, on mastique (y en a besoin), et on colle au croupion, en faisant VRAIMENT attention à l'alignement!

Comme on voit, un peu de mastic est nécessaire, mais rien de terrible. Ensuite, on s'amuse un peu, et on met un Spitfire Mk I sur l'aile pour donner une idée de la taille de la bête..

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C'est maintenant au tour des saumons d'aile et de la dérive... Des pièces viennent se coller à l'intérieur de l'aile pour donner le bon dièdre des saumons.

Ensuite, j'ai passé du gris sur les lignes de joint pour traquer les défauts. Il y en avait... Masticage, ponçage, repeinture jusqu'à obtention de joints parfaits.. Les entrées d'air et la profondeur ont été collées à ce moment là..

Je me suis ensuite attaqué au cockpit. Les pièces en métal blanc ainsi que les baignoires ont été peintes en gris FS16440, et les détails ont été rajoutés en m'inspirant des photos trouvées sur le web ou dans le Wings Of Fame consacré à la bête. Les cloisons arrière ont été usinées à la Dremel pour rentrer, ainsi que la base du siège arrière qui aurait dépassé d'un demi-centimètre sinon. Les sièges ont reçu leur brêlage et ont été peints d'après les photos trouvées ici.

Ce n'est pas la peine de surdétailler le siège arrière. On ne le voit quasiment pas, mais bon, on sait que c'est là...

L'habitacle vu de l'arrière. Et dire qu'on ne verra plus rien... L'habitacle vu de dessus. On ne verra vraiment plus rien. Le siège Martin Baker Mk8A vu de face, avec son brêlage en feuille d'étain. Les boucles sont en carte plastique et la poignée en fil d'étain.
Le siège. L'arrière est détaillé, en pure perte (parce qu'on ne verra rien, je sais, je l'ai déjà dit) Les sièges installés dans le cockpit. Vus de 3/4 arrière, les sièges dévoilent la surprenante couleur vert métal des fusées.

La verrière est alors masquée, puis découpée avec des ciseaux à ongles et ajustée tant bien que mal. Là encore, le mastic est utile... Une couche d'apprêt est passée et les diverses pétouilles sont impitoyablement traquées.

 

Peinture

La peinture de la bête est d'une simplicité évangélique : c'est tout blanc (sauf le croupion qui est acier). Mais le blanc, c'est pas que de la tarte, hein... Après moults essais aussi infructueux que contrariants avec du Gunze (différentes teintes) et du Tamiya, je suis passé au Humbrol 130 qui m'a donné entière satisfaction. Une couche de vernis brillant plus tard, le TSR-2 était prêt pour les décals.

 

Finition

On commence par préparer le train d'atterrissage. Différents tuyaux sont rajoutés au train principal en s'inspirant de photos vues sur Thunder and Lightnings, on fait des colliers en alu adhésif, et le train est peint en gris clair avec l'amortisseur en alu. Les roues sont nettoyées et peintes, et le tout est assemblé. Les puits de train sont sky grey de Tamiya.

L'ensemble est collé à la cyano, en vérifiant bien que les jambes soient symétriques et que toutes les roues touchent le sol. Ne vous inquiétez pas, l'avion ne risque pas de reposer sur son croupion, il y a tellement de plomb à l'avant que ça ne risque pas d'arriver!

Les décals sont posés, et se comportent très bien avec les assouplissants standard.

Les tuyères sont un peu nues, mais j'ai renoncé à faire les anneaux de PC. En revanche, j'ai fait le revêtement ondulé à l'intérieur avec de la carte plastiqueEvergreen. Une fois peint en Jet Exhaust Alclad II, c'est assez joli. On installe alors le croupion en métal, on peaufine le joint, et on masque puis peint ledit croupion. Le pitot est fait avec deux microtubes emboîtés.

Nous voici avec un superbe oiseau blanc. Tout blanc. Trop blanc... Les photos du Wings of Fame montrent tout de même un avion légèrement patiné. J'ai donc vernis brillant avant de passer un jus de terre brûlée diluée à l'essence à briquet essuyé avec un mouchoir e n papier imbibé lui aussi d'essence.

Conclusion

Dieu que cette machine est belle! Dieu que cette machine est grosse, remarquez... En voyant ce modèle, on en vient à regretter amèrement l'aveuglement des politiques granbretons en 64. En voyant le Tornado encore plus!

Encore un vacu terminé. Ca me permet de briller à peu de frais dans le monde clos des maquettistes (je dis ça avec un énorme sourire, hein...). Au risque de me répéter, le thermoformé, ce n'est pas compliqué, c'est juste fastidieux au début, quand il s'agit de préparer les pièces. Avec un peu de soin et beaucoup de patience, vous obtiendrez un modèle splendide d'un avion qui ne l'est pas moins. Et si vous avez suffisamment de coordination pour toucher le bout de votre nez avec votre pouce quatre fois sur cinq en étant à jeun, vous y arriverez!

Mille merci à HobbyLink Japan pour la maquette!

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