Aircraft In Miniatures Tupolev Tu 95M Bear 1/72ème

L'avion

Au plus fort de la guerre froide, les Américain maintenaient une impressionnante force de bombardiers stratégiques, prêts à décoller et à frapper l'Union Soviétique à tout moment. Mais les Soviétiques disposaient eux aussi d'une flotte de bombardiers lourds, rapides, à long rayon d'action. Mus par 4 turbopropulseurs de 15000 chevaux, suffisamment rapides pour que les intercepteurs Anglais, qui les suivaient régulièrement dussent enclencher la postcombustion afin de pouvoir rester à leur côté, dotés d'une charge de 10 tonnes, ils répondaient au nom de code Bear.

Conçu par le bureau d'étude Tupolev, cette machine est d'une polyvalence incroyable : bombardier stratégique à l'origine, il est devenu avion de transport de VIP, patrouilleur maritime, avion de guerre électronique et avion de lutte anti-navires. Un avion civil en a été extrapolé, ainsi que le premier avion soviétique de contrôle aérien avancé.

Sa naissance est paradoxale. En forçant un peu (bon, d'accord, pas mal) le trait, on peut même dire que c'est un descendant du B-29! Trois B-29, de retour de mission sur le Japon, s'étaient posés en Union Soviétique. En bon allié, Staline fit rendre plus tard les équipages aux Américains, mais garda les machines, que le bureau d'étude Tupolev étudia consciencieusement, et copia trait pour trait, changeant seulement les moteurs par des productions locales. C'était le Tu 4. La guerre froide menaçant tous les jours de devenir de plus en plus chaude, on demanda aux avionneurs Soviétiques de concevoir des bombardiers stratégiques capables de raser les cibles Américaines et de revenir. Myasichev conçut le M4 (nom de code Bison) et sembla avoir gagné la première manche. Tupolev, après un Tu 85 qui fut rapidement abandonné, extrapola de ce dernier le Tu 95. Avec ses 4 turbines Kuznetsov de 15000 cv, actionnant chacune un doublet d'hélices contrarotatives à quatre pales de 5m60 de diamètre, son aile en flèche, ses 902 km/h de vitesse maximum et son impressionnante autonomie, et surtout une fiabilité sans commune mesure avec le malheureux Bison, il devint le bombardier stratégique standard, et l'équivalent du fabuleux B-52 américain.

J'ai vu un Bear pour la première fois en Juillet 93, à Fairford, à l'International Air Tattoo. Et j'ai été sidéré par cette machine, très élégante malgré son énorme train d'atterrissage, au bruit particulier (les bouts de pale étant supersoniques) et par sa démonstration, hélas réservée aux heureux cinglés qui étaient sur place deux jours avant le meeting. J'en étais!

La maquette

Quand j'ai vu que la firme anglaise Aircraft in Miniatures sortait un Bear au 1/72, j'étais tout fou. J'avais bien vu que c'était du vacuform, mais bon, il y avait tout plein de résine et de métal blanc, et je me disais que ça ne devrait pas être si terrible. Alors, je l'ai commandée, directement chez le fabricant.

Et je l'ai reçue. Oula!

Qu'a-t-on de beau quand on ouvre le carton de 80cm sur 20? C'est ce que vous voyez sur les photos. Deux demi fuselages de 70 cm de long, les ailes chacune en deux parties et un plancher de cabine en plastique thermoformé gris foncé, épais, relativement mou, faisant penser au PVC employé en tuyauterie. 2 verrières en thermoformé transparent sont fournies, avec la pointe avant et les hublots divers du poste arrière. On a les plans de profondeur en résine, ainsi que les quatre fuseaux moteur. Comme la version de transport VIP est prévue en option dans la boîte, on trouve aussi un croupion, une rampe d'accès et son encadrement, le tout en résine.

Pour vous donner une idée de la taille du bestiau, voilà une photo de la nacelle moteur intérieure à côté de mon Spit Mk 22. Il est au 1/48ème.

Pour détailler un peu l'habitacle, il y a une planche de photodécoupe, et pour finir, environ 1 kg de métal blanc, comprenant l'ensemble du train d'atterrissage, le tableau de bord, les 8 hélices quadripales, leurs casseroles et les tourelles.

Une planche de décals apparemment correcte propose un Tu 95 "générique" et un des deux Tu 116 de transport de VIP, les hublots de ce dernier étant figurés par les décalques.

Maintenant, attardons nous à ce que l'on a...

Les pièces en vacu sont prédécoupées. C'est un avantage certain, me direz vous, pour un touriste dans le monde exotique du thermoformé. Bin non. La plaque a été évacuée, mais il faut toujours retirer pas mal de matière (en gros, 3mm d'épaisseur de plastique par pièce). Tous les panneaux semblent figurés, gravés en creux. Mais la gravure est vraiment molle. Pour vous donner une idée, pensez à une tranchée genre Matchbox qui se serait effondrée... Et la surface des pièces est constellées de points d'aspiration typiques du vacu. Les pièces en métal blanc sont correctes de formes, mais les carottes de moulage restent bien visibles, et un sérieux travail de préparation est à prévoir.

La résine est assez propre, bien qu'un peu d'ébarbage soit à prévoir. Seules les pièces destinées au Tu 116, entre autre l'escalier, me semblent suspectes.

Enfin, l'aménagement intérieur est entièrement à faire soi même.

Conclusion

Si les maquettes Dynavector sont les Tamiya/Hasegawa/Accurate Miniatures du vacu, là, on a du HiPM.

Y a du boulot. Beaucoup. Les formes sont justes, mais il faut faire tout l'intérieur (au moins les parties visibles, telles que le poste du bombardier, le cockpit et le poste arrière), boucher toute la gravure et la refaire intégralement à la pointe sèche, et très sérieusement affiner les pièces en métal blanc pour leur donner un aspect présentable. Après, il y a les joies de l'assemblage du thermoformé, avec tout ce que cela comporte comme renforts structuraux et masticages divers. Et pour finir, il y a la peinture! Le Bear étant métal naturel, les surfaces doivent être impeccables!

Si j'avais su tout ça avant, franchement, et vues mes compétences en vacu, j'aurais hésité à dépenser 600 francs pour un bestiau pareil. Mais bon, maintenant, je l'ai, et il va bien falloir le monter. Cela dit, avec de l'expérience dans le montage de maquettes en thermoformé, on doit arriver à un résultat vraiment impressionnant.  

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