Le Whirlwind est le premier chasseur monoplace bimoteur utilisé dans
la Royal Air Force. Rapide, doté d'un punch dévastateur (quatre
canons de 20mm groupés dans le nez), c'était une excellente machine
à basse altitude. Hélas, ses moteurs Rolls Royce Peregrine, développant
chacun 885 CV, n'étaient pas à la hauteur de la cellule. Comme
Rolls Royce était occupé à développer le Merlin,
et comme adapter un autre moteur à la cellule du Whirlwind aurait entraîné
trop de travaux, l'avion ne fut pas développé, et seuls 112 exemplaires
quittèrent les chaînes de montage pour équiper deux Squadrons
de la RAF.
Intercepteur à ses débuts, le Whirlwind finit comme chasseur bombardier
et fut remplacé par le Typhoon en 1943.
La maquette
On va commencer par un scoop : c'est pas du Tamigawa. Maintenant qu'on en a
fini avec les banalités, on va se pencher un peu plus finement sur le
contenu de la boîte ...
Nous sommes en présence d'une maquette multimédia : on a des pièces
en injecté, en résine, en photodécoupe, en métal
blanc et en vacu. Les pièces en résine sont issues du modèle
en vacu de Cooper Détails, ce qui est un gage de qualité.
La cellule, les ailes, l'empennage et les nacelles moteurs sont en injecté
épais, et les pièces sont reliées aux grappes par des tiges
de coulée épaisses, ce qui nécessite pas mal de travail
de nettoyage. Évidemment, aucun téton de centrage sur aucune pièce
... En revanche, la gravure est extrêmement précise et fine.
L'aménagement du cockpit, du moins le gros oeuvre, est en résine,
ainsi que les roues, les canons et les casseroles d'hélice. Les pièces
composant l'habillage des parois du cockpit sont moulées sur une plaque
de résine qui laisse présager des moments d'intense amusement
pour les préparer. Cela dit, les pièces sont très jolies
(Merci, monsieur Sutherland !) Le brêlage est en photodécoupe (13
pièces !), ainsi que divers petits machins à coller ici ou là.
Les jambes du train principal sont en métal blanc, et on dispose de deux
verrières en vacu (merci, Jules ! Comme ça, on peut en rater une
!)
Deux décorations sont fournies dans la boîte, une machine du Squadron
263 sable et épinard, avec l'intrados Sky d'un côté et noir
de l'autre, et une machine Mixed Grey / Dark Green au ventre Med Sea Grey, du
Squadron 137, utilisée comme chasseur bombardier. Petite note historique
: en 1942, la RAF a changé le camouflage de ses chasseurs, et est passée
du dessus Dark Earth / Dark Green au Dark Green / Océan Grey. La peinture
Océan Grey n'étant pas disponible sur toutes les bases, les mécanos
se sont adaptés et ont commis des mélanges locaux ressemblant
approximativement à l'Océan Grey officiel : le Mixed Grey. Et
comme la peinture a été faite à l'échelon des unités,
les masques standards de la RAF donnant les camouflages à'bord franc
n'ont pas été utilisés, d'où des camouflages à
bords fondus. Pour les exaltés de la peinture, on peut en plus avoir
un camouflage à bords fondus, avec le gris tout neuf et le vert patiné.
Avis aux amateurs ...
Devinez quoi ? On commence par le cockpit ! On laisse les pièces sur
leur support en résine, et on peint gaillardement les parois, la cloison
arrière, le plancher, le siège, ses supports et les palonniers
en British Interior Green de Testors. Le dossier du siège reçoit
une couche Brun Rouge Gunze. La poignée du manche est noire, tout comme
le tableau de bord, les blocs manettes, les cadrans rapportés et les
équipements radio. Le collimateur, peint lui aussi en noir, est gardé
de côté pour les finitions.
J'ai assemblé les ceintures (c'est gravement copieux !) et les ai peintes
en chamois, avec les boucles alu. Tout ça s'installe bien sagement sur
le siège, lequel s'adapte parfaitement à la cloison arrière.
Les cadrans et blocs de manettes subissent un brossage à sec avec du
blanc, et vont se positionner sur leurs cloisons, au prix parfois d'une improvisation
certaine, la notice n'étant pas un modèle de clarté. Au
fait, je confirme ma première impression : séparer les pièces
en résine de leur plaque de moulage, c'est un vrai bonheur !
Le berceau des radios est peint en vert intérieur, puis plié et
les radios sont collées. Il peut être sage de confectionner un
étai en carte plastique sous le berceau avant de le coller au dos de
la cloison du siège : le berceau est en photodécoupe, la cloison
en résine, et joindre ces deux pièces uniquement à la cyano
est peut être un peu ambitieux.
J'ai fait un brossage à sec sur le tableau de bord avec du blanc, et
l'ai rehaussé de quelques pointes de couleur (jaune et rouge).
J'ai alors dégrappé et copieusement nettoyé les demi fuselages
avant de les peindre en vert intérieur. Là où ça
devient drôle, c'est que j'aurais dû attendre un peu, quand même...
Parce que pour tout l'habitacle daigne vouloir rentrer dans le fuselage, il
a fallu que j'enlève plus d'un demi millimètre d'épaisseur
à l'intérieur de chaque demi fuselage ! Et au niveau du tableau
de bord, les coquilles ont maintenant l'épaisseur du papier à
cigarettes.
Enfin bon, après les séances de ponçage / ajustage / reponçage,
j'ai passé l'intérieur à la laine d'acier qualité
ébéniste, et j'ai repeint tout l'intérieur en British Interior
Green. J'ai peint de même la cloison du train arrière, l'ai adaptée
au fuselage, et l'ai mise en place.
J'ai positionné les parois en résine avec du double face, afin
de marquer leur position. Ensuite, j'ai collé le tableau de bord d'un
côté, les cloisons de chaque côté, et j'ai respiré
un grand coup. J'ai alors collé les demi fuselages ensemble. Première
constatation : 3mm d'écart entre les coquilles au niveau du tableau de
bord, et des joints calamiteux à peu près partout ailleurs. Pas
grave...
La cloison arrière du poste de pilotage s'insère fort bien derrière
les cloisons, et le plancher va tant bien que mal se coller sous ces dernières.
Il y a d'assez beaux trous, mais rien qui se voie depuis l'ouverture du cockpit,
donc je n'ai pas insisté.
J'ai ensuite positionné le plan de profondeur. Il m'a fallu pas mal de
travail pour qu'il accepte d'être parfaitement horizontal.
J'ai ensuite attaqué les ailes : affinage de l'intérieur des ailes,
peinture en Interior Green des entrées d'air des radiateurs, peinture
en noir des radiateurs et pliage de ces derniers. Je les ai collés à
l'intrados. Les ailes s'assemblent sans trop rechigner, seules les parties externes
des intrados ont un joint visible avec la partie intérieure. L'intrados
est peint en Interior Green au niveau des nacelles moteurs. Ces dernières
s'assemblent fort bien, merci, et les cloisons s'ajustent très correctement.
En revanche, sur mon exemplaire, ça a été la croix et la
bannière pour les ajuster à l'aile. La nacelle droite a été
particulièrement pénible !
J'ai alors mastiqué tous les joints, en essayant de ne pas trop déborder
pour ne pas abîmer la gravure. Un premier ponçage, suivi d'une
couche de peinture pour vérifier, a suivi. Deux autres séances
de masticage - ponçage - peinture m'ont permis d'arriver à un
résultat satisfaisant.
J'ai ensuite percé les trous destinés à recevoir les canons,
laissant ces derniers de côté pour ne pas commettre d'ânerie
en manipulant la bête. Notons à ce propos qu'il faut enlever une
quantité respectable de matière pour que les canons s'adaptent
à leur logement. J'ai re-gravé les lignes de structures effacées
lors des ponçages - et il y en a ! Un passage de laine d'acier 0000 qualité
ébéniste a fini de préparer l'engin à la peinture.
La verrière a alors été retirée de son support.
Plus haut, je remerciais Jules (Bringuier, pour les incultes, le sympathique
patron de Classic Airframes) pour les deux verrières. J'ai bien fait,
parce que j'en ai cochonné une...
Je l'ai trempée dans du Klir pour la protéger, puis l'ai ajustée
au fuselage par ponçages successifs. Je l'ai masquée, et mise
en place à la colle blanche. Le Whirlwind était prêt à
passer à l'atelier de peinture.
J'ai choisi la machine du Squadron 263, car le ventre bicolore me paraissait
éminemment sympathique.
J'ai commencé par passer la verrière en British Interior Green,
avant de faire un pré-ombrage au noir OTAN de Tamiya sur le fuselage
et les ailes. J'ai ensuite peint le ventre en Sky ainsi que le fuselage juste
devant la dérive, avant de masquer les flancs et la bande de fuselage
et de passer une couche de Dark Earth sur l'extrados.
Comme il s'agit d'un camouflage anglais, il m'a fallu préparer des masques
adhésifs, pour avoir des bords francs. C'est ce que j'aime le moins dans
les camouflages anglais : préparer ces masques demande presque autant
de travail que la peinture elle-même ! Les masques posés, j'ai
pré-ombré les parties découvertes avant de passer une couche
de Dark Green.
La catastrophe traditionnelle s'est produite à ce moment là.
En enlevant les masques, j'ai enlevé de la peinture (bon, c'est pas grave...),
du mastic (ouin !) et le joint du fuselage devant le pare brise s'est fendu
! J'ai comblé le joint à la cyano, et j'ai poncé cette
dernière avant qu'elle ne soit trop dure. J'ai re-mastiqué les
endroits qui avaient souffert, passé de la laine d'acier 0000 là
où la peinture avait sauté, confectionné des masques en
pâte adhésive, et repeint tout ça.
J'ai alors protégé l'intrados et la nacelle gauche, et peint l'intrados
de l'aile gauche en noir OTAN. Une fois la peinture sèche, une couche
de vernis brillant a été passée avant d'attaquer les décals.
Ces derniers se posent sans problème et réagissent plutôt
bien à l'assouplissant. Une fois secs, je les ai recouverts d'une nouvelle
couche de vernis brillant.
J'ai commencé par décoller la verrière, avant d'installer
le collimateur doté de son réflecteur en rhodoïd transparent.
Les pièces en photodécoupe à l'intérieur de la verrière
sont censées être optionnelles. Je les ai installées avant
de découper la verrière pour la présenter ouverte.
Les jambes de trains sont très belles, mais trop larges : les roues flottent
entre les pièces. Il a fallu poncer les pièces de l'intérieur.
Les jambes et les moyeux des roues sont alu, et les roues noir OTAN. Un peu
de poudre de pastel gris très sombre simule la poussière de gomme.
Les trappes de train font deux millimètres d'épaisseur, et nécessitent
donc un affinage sévère. L'intérieur est peint British
Interior Green, et l'extérieur couleur de l'intrados.
L'antenne est faite avec du fil de pêche 1/10 peint en noir.
Les canons sont peints sur la grappe en noir et brossés à sec
avec du Burnt Metal avant d'être dégrappés et collés
dans les trous prévus à cet effet.
Les pales d'hélice sont peintes en jaune, leurs extrémités
sont masquées, et le reste est peint en noir. Les casseroles sont peintes
en Sky, et les pales sont collées dans les trous prévus à
cet effet. Attention à leur inclinaison et à leur alignement !
Pour l'inclinaison, on peut utiliser un Spitfire à moteur Merlin comme
exemple, l'hélice tourne dans le même sens.
Cette maquette est ma deuxième incursion dans le domaine du short run.
Il y a du boulot, beaucoup, mais rien d'insurmontable. Les débutants
risquent d'être rebutés par le travail d'ajustage et de ponçage,
mais il n'y a rien qu'un maquettiste moyen ne puisse surmonter (la preuve...).
En revanche, la machine est superbe, avec son air de bête de course et
ses plumes démesurées, et la maquette terminée a vraiment
de l'allure.
Comme il y a peu de chance qu'un fabricant de modèles auto-assemblants
se lance dans la production d'un Whirlwind, si la bête vous tente (et
si vous arrivez à mettre la main dessus), allez-y !
Mon Blenheim de la même marque commence à me regarder d'un drôle
d'air... Je ne sais pas si je vais résister longtemps.