En parcourant le site web J.aircraft .com (évidemment dédié à l'aviation japonaise) je suis tombé sur des photos superbes d'épaves de Zéro prises par Peter Gunti. J'avais depuis longtemps l'idée de réaliser une épave de cet appareil, d'une part après avoir vu le magnifique travail de Christophe Marie sur un zéro et surtout après qu'un copain m'a prêté le livre de Charles Darby " Pacific Aircraft Wrecks ", Kookaburra ed. Bien sûr je me suis fait la main sur un Tony l'an dernier et je ne pensais pas recommencer si tôt. Mais plus je voyais ces photos dans lesquelles la couche d'apprêt rouge brun a été délavée par les éléments plus je me disais qu'il y avait un travail de peinture intéressant à faire. Néanmoins, avant de peindre, il faut monter...
J'ai donc d'abord essayé de réunir pas mal de doc sur le sujet c'est à dire le modèle A6M2 type 21. Je ne possède que l'Aerodetail dédié à cet appareil et en fait, il n'y a pas beaucoup de détail sur la structure interne ou sur le moteur pour ce modèle. J'ai donc recherché de la doc sur le net et je suis tombé sur pas mal de photos de restauration d'appareils qui m'ont bien servi pour mon projet. Ensuite il me fallait d'autres vues de mon sujet que celles qui étaient parues sur J.aircraft. J'ai donc contacté Peter Gunti, qui m'a très gentiment envoyé d'autres clichés d'excellente qualité. Il m'a aussi renseigné sur la localisation de cette épave. Il s'agit donc d'un modèle 21 trouvé " presque " intact sur l'île de Yap (Micronésie ou Caroline Islands). Une remarque que m'a faite Peter concerne l'aspect de la tôle de ces appareils : il m'a dit que l'alu était si fin qu'il avait l'impression de marcher du papier. C'est une remarque qui m'a guidé lors de la construction et je ne sais pas si j'ai réussi à reproduire cet aspect au 1/48ème. Ceci implique qu'il va falloir affiner le plastique jusqu'à obtenir un aspect translucide (au moins pour les parties les plus déformées).
Avant de commencer ce projet, j'ai investi dans quelques sets de détaillage. L'incontournable planche Eduard consacré au modèle Hasegawa (c'est cette magnifique maquette qui m'a servi de base), un moteur Sakae type 12 de chez Fine Molds (très réaliste), les pipes d'échappement Moskit, la planche Eduard reproduisant les flaps du Macchi 202 (vous verrez plus loin pourquoi) et enfin, un achat que je regrette car le set est cher, pas joli et faux et ne m'a pratiquement pas servi : le kit de détaillage Verlinden du Zero type 21.
Le montage commence classiquement par le cockpit. Je me suis rapidement rendu compte que si je voulais affiner au maximum la tôle du fuselage (et c'est nécessaire pour percer toutes les trappes qui ont disparu) il allait falloir tout refaire à l'intérieur. De même il faut revoir les glissières de la verrière (détails omis dans la plupart des kits plastiques). J'ai donc affiné les demi- fuselages à la mini ponceuse, au papier de verre et à l'aide d'une lame de X-acto. On supprime également le raccord du fuselage avec les profondeurs sur la partie fixe. Le raccord arrière est affiné de l'intérieur à la fraise (délicat....). Le vide laissé par cette opération chirurgicale est comblé, à l'avant avec de la carte plastique épaisse, à l'arrière à l'aide d'un petit renfort triangulaire ajouré. Une fois cette opération réalisée, on procède à la découpe de l'avant du fuselage (que l'on garde), de la dérive et des différentes trappes. Il s'agit maintenant de refaire tout l'intérieur du cockpit, le compartiment radio ainsi que la partie située devant le tableau de bord et contenant les magasins de munitions pour les mitrailleuses. Les rails de la verrière sont réalisés avec du profilé Evergreen (L) que l'on colle sur le rebord du fuselage. La structure interne est réalisée avec diverses baguettes de la même marque ou de la carte plastique de 0,25 mm. Les boîtiers de commande, cadrans, manettes sont récupérées sur la planche Eduard ou sur le kit Verlinden. La cloison ajourée située à l'arrière du siège provient également du set Verlinden (elle est épaissie avec de la carte plastique pour compenser l'augmentation de la largeur interne du fuselage). Les bouteilles, la radio et les divers accessoires du compartiment radio proviennent du kit Verlinden ou sont réalisés en carte plastique. Le plancher Verlinden est également élargi afin de s'insérer dans le fuselage sans laisser apparaître de jour. La partie la plus délicate à réaliser est le compartiment des mitrailleuses avant, en effet je ne possédais pas de plan précis pour le modèle 21 et je me suis inspiré de photos de la restauration d'un modèle 22 de l'Auckland War Mémorial. A ce stade la cloison pare-feu est ajustée sur le fuselage, on fixe provisoirement l'intrados de l'aile afin de déterminer la largeur de cette cloison.
Avant de refermer les demi-fuselages, le siège (Verlinden) est posé sur ses supports et l'intérieur est vaporisé avec de l'aluminium Tamiya (nouvelles teintes). Un vernis acrylique est ensuite passé à l'aérographe afin de pouvoir effectuer sans problème le vieillissement avec des huiles. Les deux demi-fuselages sont collés et le plancher est inséré. Il faut ensuite déformer le fuselage entre l'extrémité de la verrière et la base de la dérive. Le plastique est chauffé à l'aide d'un sèche-cheveux et on procède par étapes afin de tordre sans casser l'assemblage. La surface du fuselage est travaillée à la lame X-Acto courbe afin de faire apparaître la structure interne de celui-ci. On dessine la structure à l'extérieur à l'aide d'un feutre, puis on gratte entre les longerons. Il faut ensuite passer au papier de verre fin 600-800 puis à la paille de fer 000. On vérifie l'aspect en vaporisant un métalliseur (peu importe la marque) Le même traitement sera effectué sur les ailes et les gouvernes.
Le moteur Fine Molds en métal blanc est monté tel quel. Il faut ensuite l'habiller avec les pipes et le collecteur d'échappement (réalisé en étiré) les pipes d'admission étant incluses dans le kit. A l'aide de la partie avant du fuselage que l'on a découpée, on fabrique le pare-flammes. Les divers anneaux ceinturant le moteur sont réalisés à partir de bouchons de pot de peinture découpés à la mini scie circulaire. On installe également les volets de refroidissement (Verlinden) et l'extrémité des pipes d'échappement Moskit. Sur l'avant de la cloison pare-feu on ajoute divers renforts en profilé plastique et l'on confectionne le réservoir d'huile avec de la carte plastique épaisse. On confectionne également le radiateur (sommairement car on ne verra rien de toute manière...). Ensuite on fixe provisoirement le moteur sur l'avant du fuselage et on confectionne le support du groupe propulseur avec des profilés ronds. Une fois que tout est sec, on enlève le moteur et son bâti, il ne sera fixé qu'avant le stade de peinture.
Pour les ailes, même punition, on affine toute la structure (à part 1à 2 cm à la racine car il faut quand même que ça tienne) à l'intrados et l'extrados. On enlève les gouvernes et les flaps, ainsi que les trappes des mitrailleuses d'aile et certaines trappes d'accès (carburants, maintenance, etc...). On confectionne les deux longerons en carte plastique sur pratiquement toute la longueur, et certains longerons et nervures sont figurés aux endroits ou ils seront visibles. Ensuite on colle les ailes sur le fuselage (je commence toujours par l'extrados afin de ne pas avoir à mastiquer le raccord karman) et on colle les deux demi-ailes ensembles. Ensuite il faut les casser , et ça c'est vraiment pas cool car il va manquer de la matière en haut et il y en aura trop en bas, alors on chauffe ...
Les ailerons (enfin ce qu'il en reste) sont réalisés avec des profilés Evergreen et les nervures sont récupérées sur la planche du Macchi 202 . On se sert du plan au 1/48 d'Aerodetail comme gabarit. De même, les parties métalliques des ailerons (bord d'attaque) sont découpées dans de l'alu alimentaire (genre barquette alu) en utilisant le même plan comme gabarit. Il ne restera plus qu'à coller les gouvernes avant peinture.
Si la dérive n'appelle pas de commentaires particuliers dans la mesure ou elle a été affinée lors de l'assemblage du fuselage, les gouvernes étant en une seule partie (donc pleines) il va falloir les creuser. Etant un peu fainéant, je n'ai creusé que la partie arrière (les deux tiers ) et le dessous afin que cela ne se voie pas trop. Il faut ensuite refaire la partie qui manque avec de la carte plastique de 0.1 mm (ou tout autre matériau fin). Sur la profondeur gauche, la partie mobile a disparu, il faut donc faire figurer le longeron et sa structure ajourée. Sur l'autre la tôle au-dessus est particulièrement abîmée et l'on peut apercevoir la structure du longeron avant par les trous. Ensuite, les parties mobiles sont confectionnées avec divers matériaux : carte plastique, nervures Eduard, feuille d'alu....On colle une petite tige métallique dans chaque gouverne au niveau du premier longeron et celle-ci sera fixée dans le fuselage.
Les trains subissent peu de modifications, seuls les pneus sont retirés afin de ne laisser que les jantes. Pour cela on colle la roue sur une mini perceuse et on retire le pneu à l'aide d'une lime ou d'une lame de cutter. Attention, la Dremel ça tourne vite et le plastique a tendance à fondre, donc il faut prendre son temps. La casserole d'hélice est coupée au niveau de la partie qui cache le moyeu et celui-ci est reproduit à l'aide de divers profils ronds (ne pas oublier les masselottes). Pour la verrière, la solution la plus simple consiste à refaire les montants à l'aide de profils plats (épaisseur 0.25 mm) en se servant de la verrière d'origine comme gabarit. Et voila, il ne reste plus qu'à tout coller et à faire quelques trous supplémentaires dans la tôle avant d'aborder la phase de peinture.
Les peintures alu me font toujours un peu peur à cause de leur fragilité. De plus, dans le cas de cet appareil rendu très fragile par l'affinage intense du plastique et comportant de nombreuses aspérités, il était difficile d'utiliser une peinture à lustrer. D'un autre coté, l'alu qui est resté 40 ans à la merci des éléments n'est plus très brillant). J'ai donc utilisé les nouvelles teintes métalliques Tamiya bien diluées à l'essence F. J'ai d'abord vaporisé l'alu, puis j'ai ajouté un peu de teinte bronze (qui tire assez vers le rouge-violet) et j'ai traité quelques partie avec cette teinte. Une fois la peinture sèche, j'ai passé un peu de Klear afin de protéger l'alu. L'après rouge brun est constitué d'un mélange red-brown primer (teinte japonaise Aeromaster) et d'un peu de rouge Aeromaster également. Il faut varier les proportions en cours de vaporisation et même ajouter un peu d'orange ou de jaune afin d'avoir une teinte plus chaude. On souligne quelques lignes de structure à l'aérographe avec un mélange brun foncé. Certains détails sont réalisés au pinceau fin avec des huiles et des pastels. On traite l'intérieur des ailes avec un jus bleu (genre aotaké) car cette teinte est encore apparente dans les recoins (dixit Peter Gunti). On fait quelques retouches d'alu (pinceau fin et brosse) avec un mélange de médium et de poudre alu SnJ.
Celle-ci est réalisée à partir d'un cadre de miroir à 2 balles dans lequel j'ai d'abord coulé un mélange de plâtre, colle à bois et pâte à papier. Ensuite je passe un mélange de pigments naturels (terre de Sienne brûlée et ocre) mélangé à de la colle blanche. L'herbe est réalisée en collant un morceau de plaque d'herbes haute (Heki) pour modélisme ferroviaire. Les diverses plantes " tropicales " proviennent de la gamme Scale-Link et certaines (yuccas) sont des réalisations maison. Il n'y a plus qu'à peindre tout ça avec diverses teintes de vert....